Le sélectionneur de l’équipe de Tunisie Nabil Maaloul a des soucis à propos des blessures, de la méforme ou de la marginalisation de plusieurs joueurs internationaux. Osera-t-il trancher et remettre de l’ordre dans le groupe?
Par Hassen Mzoughi
À 45 jours du premier match de la Coupe du monde contre l’Angleterre, le tableau n’est pas optimiste pour l’équipe de Tunisie. . Le sélectionneur ne le dit pas par souci de ménager certaines parties mais la réalité est là. Il faut remplacer ceux qui ne sont pas en condition de tenir leur rang. Et le plus tôt serait le mieux.
Il y a un sérieux problème de blessures et de méforme. Outre le forfait de Youssef Msakni, qui prive l’équipe de Tunisie d’un atout en attaque, une grosse incertitude pèse sur d’autres joueurs, physiquement et psychologiquement dans une situation peu enviable.
Ali Maaloul : encore des ennuis !
Des joueurs n’ont pas encore récupéré (et risquent de traîner) comme le latéral gauche Ali Maaloul (Al-Ahly), le milieu défensif Mohamed Amine Ben Amor (Al-Ahli Jeddah), le défenseur central Rami Bedoui (Etoile sportive du Sahel), tous pratiquement inactifs depuis mars dernier.
Sérieusement touché au ménisque, Mohamed Amine Ben Amor en a pour 3 semaines mais sera-t-il prêt à jouer la Coupe du monde ? Peu évident.
Quant à Rami Bedoui, il souffre des séquelles d’une vieille blessure qui l’empêche de retrouver son bon niveau physique. Lui aussi dans le doute!
L’arrière gauche Ali Maaloul vient de rechuter. Sa cheville récalcitrante est de nouveau touchée et il devrait faire l’impasse sur la rencontre contre l’Espérance sportive de Tunis (EST), le 4 mai 2018, à Alexandrie. Sera-t-il bien disponible pour le dernier stage avant le Mondial ? Encore une autre incertitude!
Pour une équipe de Tunisie qui s’appuiera essentiellement en Coupe du monde sur son compartiment défensif, ces soucis ne sont pas les bienvenues.
Yassine Mariah et Syam Ben Youssef cirent les bancs?
Passons sur le cas Taha Yassine Khenissi, qui ne retrouve pas son meilleur rendement de la première partie de la saison, après une longue absence due à une blessure contractée au stage de Doha. Il joue mais ne brille pas à l’Espérance! Il est devenu remplaçant en sélection après en avoir été l’attaquant n° 1.
Blessures mais aussi des ennuis de méforme ou de mise à l’écart. C’est le cas de Yassine Meriah, en froid avec son club, le Club sportif sfaxien (CSS), qui est sur la touche. La «marginalisation» de l’arrière central titulaire de l’équipe de Tunisie est une étrange décision. Il est au chômage forcé alors que, logiquement, il est tenu de jouer régulièrement. Jusqu’à quand va-t-il supporter un tel «traitement»? Et quel impact aura-t-il sur son physique et son mental? Nabil Maaloul va-t-il transgresser la règle en retenant un joueur qui ne joue plus avec son club depuis 4 matches.
Un autre joueur de base est également au chômage technique. Syam Ben Youssef continue de cirer le banc des remplaçants depuis 4 matches. Est-il en désaccord avec son entraîneur ou ses dirigeants? Est-ce en rapport avec son désir de quitter le club à la fin de la saison pour revenir… à l’Espérance?
Le pénible passage de Mathlouthi en Arabie Saoudite
Aymen Mathlouthi alias Balbouli, premier gardien de la sélection (pour le sélectionneur) traverse lui aussi une longue période sans. Carrément chassé de l’Etoile sportive du Sahel (ESS) où il a joué pendant 15 ans, il a trouvé «refuge» dans un club saoudien du bas du tableau, Al Baten. Il y a passé 3 mois pénibles et a été écarté par mesure disciplinaire, se trouvant sur les gradins. L’ex-Etoilé est actuellement à Sousse où il s’entraîne, «en privé», avec l’Egyptien Tarek Abdelalim, l’entraîneur des gardiens de la sélection.
Le second gardien Moez Ben Cherifia n’est pas lui aussi en meilleure posture, et même s’il reste le titulaire du poste à l’Espérance, qui lui doit plusieurs arrêts décisifs ces dernières semaines, il n’a plus sa forme pimpante d’il y a quelques années.
Autre international tunisien mal loti en cette fin de saison : Hamdi Naguez, le latéral droit de Zamalek. Arrivé en grandes pompes au Caire, il entre mal dans les plans de l’entraîneur du club, Iheb Galal. La fin de la saison n’a pas été tranquille pour le joueur qui aurait l’intention de quitter le club de la capitale égyptienne, malgré un contrat de trois ans et demi. Certaines voix au sein du club et les médias s’élèvent pour mettre en cause le montant jugé faramineux de son transfert (2,6 millions de dinars tunisiens).
Passons enfin sur le cas Yohan Benalouane, arrivé sur le tard en sélection et qui joue par à coup avec l’équipe… réserve de Leicester.
Va-t-on oser revoir la liste ?
Presque tout le monde sera présent à partir du 13 mai pour le dernier stage à l’étranger de l’équipe de Tunisie.
En attendant, et pour être logique avec lui-même, Nabil Maaloul est tenu de faire le point, de prendre des décisions quitte à revoir dès maintenant sa pré-liste qu’il va envoyer le 14 mai à la Fifa, pas de nous exprimer ses soucis car on les connaît ! Ne dit-il pas toujours que les statuts individuels passeront après les intérêts collectifs, que «seule la vérité du terrain» l’intéresse.
Les zones d’ombres ne manquent pas, les doutes sur l’état de santé et la méforme de plusieurs joueurs ne doivent pas être escamotées au nom de la sacro-sainte cohésion du groupe, chère au sélectionneur. Il n’y a pas de sentimentalisme dans ces conditions.
Maintenir le statu quo, en dépit du bon sens, de la logique du sport (un joueur en méforme ou blessé ne peut pas jouer), c’est de l’entêtement suicidaire. Et un bien mauvais service rendu au groupe.
Nabil Maaloul et son staff médical ne doivent aussi rien cacher à l’opinion publique. Ils doivent tout dire sur l’état de santé et la forme exacte des joueurs. C’est aussi leur devoir avant de se gargariser d’analyses tactico-techniques.
Jusqu’à présent on est passé d’une mauvaise surprise à l’autre en voulant jongler avec des dossiers. Espérons que cela s’arrêtera !
Cette équipe de Tunisie, dans l’état actuel des choses, est en-deçà du niveau de préparation exigé par la haute compétition. Cela suffit à changer ce qu’il faudrait changer…
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