Les responsables du transporteur public Tunisair, encouragés par la confirmation d’un retour d’investissement positif de la ligne courrier transatlantique Tunis-Montréal, sont déterminés à renforcer cette liaison et à ouvrir de nouvelles lignes.
Par Khémaies Krimi
La ligne Tunis-Montréal, dont le lancement, en juin 2016, au temps de la Pdg Sarra Rejeb, l’actuelle secrétaire d’Etat auprès du ministre du Transport, avait été fortement critiqué par l’autorité de tutelle de l’époque, est, aujourd’hui, un projet rentable.
La direction actuelle de Tunisair fait état de rentabilité de la liaison long courrier et d’une nette augmentation du nombre de passagers transportés par la compagnie nationale sur cette ligne. Elle en est tellement satisfaite qu’elle projette de passer, dès cet été 2018, de 3 fréquences à 4.
Bientôt une liaison Tunis-New York
Ilyès Mnakbi, Pdg du groupe Tunisair, a annoncé aux médias le projet d’ouvrir, d’ici novembre 2018, une ligne directe entre Tunis et New York via une capitale africaine, probablement Dakar.
Il entend utiliser cette liaison long courrier tout autant que celle de Tunis-Montréal pour «optimiser le hub Tunis-Carthage», compte tenu du «positionnement stratégique de la Tunisie au carrefour de trois continents l’Europe, l’Afrique et le Moyen orient (Asie)».
Elyes Mnakbi.
«Les Américains en sont convaincus et insistent pour qu’on la mette en place dans les meilleurs délais», a-t-il-dit dans une interview accordée à ‘‘L’Economiste Maghrébin’’, avant d’ajouter: «Les observateurs de l’aviation civile s’attendent déjà à ce que cette ligne enclenche une véritable guerre commerciale avec les compagnies aériennes concurrentes». «Pour nous, ce sera une véritable bombe commerciale parce que nos voyageurs vers les Etats-Unis seront de toute l’Afrique», a-t-il-relevé avec beaucoup d’enthousiasme.
En prévision de cet événement, le Pdg du groupe Tunisair se soucie déjà de la logistique qui soutiendra en amont cette ligne. Il a déclaré, à ce sujet, qu’il est «en train de chercher un grand investisseur qui serait intéressé par la réalisation, au sein de l’aéroport de Tunis-Carthage, d’un hôtel sous douane».
Selon lui, l’idée est de permettre aux clients africains en transit non munis de visas pour la Tunisie de séjourner aux environs de l’aéroport dans de bonnes conditions, de payer leur séjour en devises et d’attendre confortablement leur avion pour les Etats-Unis.
Faire de Tunis-Carthage un point de transit
Il faut reconnaître que le projet de faire de l’aéroport de Tunis-Carthage un hub régional, voire un point de transit vers les destinations lointaines, n’est pas nouvelle. Elle remonte, en fait, à 2009. Les responsables de l’Office de l’aviation civile et des aéroports (Oaca) de l’époque y ont pensé. Mieux, ils ont programmé plusieurs aménagements.
Il s’agit, entre autres, de l’amélioration de la qualité du service, du réaménagement de l’aérogare, du changement des passerelles par d’autres télescopiques, du revêtement des parterres et de l’aménagement des plafonds…
Il était question également du renouvellement d’un ensemble d’équipements et du relooking de certains espaces dont la salle de transit avec comme objectif de garantir aux voyageurs transitaires les meilleures conditions de repos. Ce n’est pas tout : il était prévu, à l’époque, de remplacer les panneaux de signalisation par des écrans de haute définition et d’aménager divers commerces pour subvenir aux besoins des passagers en transit.
Ces aménagements, dictés par le renforcement de la concurrence, l’ouverture du trafic aérien au niveau international (Open Sky) et la saturation des grands aéroports dans les pays voisins, ont été reportés suite au soulèvement qu’a connu la Tunisie le 14 janvier 2011.
Aujourd’hui, après que le pays s’est plus ou moins stabilisé, on y revient avec plus de détermination et même avec des idées plus ambitieuses.
Aéroport de Tunis-Carthage.
Promouvoir les aéroports du sud en hub
Ainsi, certains experts de l’aviation civile internationale sont en train de persuader les autorités tunisiennes que l’enjeu de nos jours n’est pas de promouvoir l’aéroport international de Tunis-Carthage en tant que point de transit de lignes internationales mais toute la Tunisie en tant que hub aérien. La Tunisie étant perçue, par les professionnels de l’aviation civile, comme «le nombril du monde».
Dans cette perspective, ils recommandent de céder sous forme de concession les aéroports sous-exploités du sud à des compagnies aériennes nanties à l’instar des américaines, des européennes ou de celles du Golfe (Emirates, Qatar Airways, Saudi Airlines…). Les aéroports ciblés sont dans l’ordre ceux de Tozeur-Nefta, Remada (aéroport militaire converti récemment en aéroport civil), Gabès, Gafsa…
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