Suite au drame survenu au large de Kerkennah (Sfax), l’ambassadeur de l’Union européenne (UE) a publié, hier, lundi 4 juin 2018, une déclaration où il rappelle la nécessité «de lutter contre l’immigration clandestine et de prévenir de nouveaux drames humains.»
Tout en adressant, au nom de l’UE et en son nom personnel, ses «très sincères condoléances aux familles de toutes les victimes de ce nouveau naufrage», M. Bergamini déplore que des jeunes soient «prêts aujourd’hui encore à mettre leur vie en péril pour un autre avenir loin de chez eux».
Considérant que «chaque vie perdue est une vie perdue de trop», le dirigeant européen estime, dans une langue de bois bien rodée, que «seules des réponses communes aux défis posés par le chômage d’une part, les crises régionales d’autre part, permettront de lutter contre l’immigration clandestine et de prévenir de nouveaux drames humains.»
Et dans cette perspective, ajoute-t-il, «l’Union européenne continuera de déployer sans relâche avec la Tunisie et tous ses partenaires tous les efforts nécessaires afin de trouver ensemble les voies d’un meilleur avenir commun».
Reste que cet avenir commun ne saurait être construit si l’Europe continue de se barricader, d’exiger l’ouverture totale des marchés du sud à ses produits et à ses services et d’empêcher, en même temps, la mobilité des hommes.
Amnésique, l’Europe feint d’oublier que l’histoire est faite de cycles et qu’il fut un temps, pas très lointain, aux 19e et 20e siècles, où c’étaient les Européens qui venaient trouver refuge et gagner leur vie au sud de la Méditerranée.
Au cours de la première moitié du 20e siècle, vivaient, dans la seule Tunisie, plus de 150.000 européens, notamment français, italiens, espagnols et grecs, et qui n’étaient pas tous des colons. La majorité d’entre eux travaillaient dans les chantiers et les champs. Et rien ne garantie que ce flux migratoire nord-sud ne reprendra pas à l’avenir. N’est-ce pas M. Bergamini ?
Imed Bahri
Les drames de la migration clandestine ou les larmes de crocodiles
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