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Mondial de Russie : La Tunisie et la mentalité du «gagne-petit»

Notre confrère franco-tunisien Ramsès Kefi de ‘‘Libération’’, qui s’est fait traiter de «traître» par certains «patriotes du football» pour avoir critiqué la gestion calamiteuse de l’équipe de Tunisie et son maigre bilan au Mondial de Russie, persiste et signe.

Par Ramsès Kefi *

Dans un statut sur sa page Facebook, le journaliste répond à ses détracteurs avec des mots fermes et justes et confirme les réserves qu’il a sur le football tunisien et la manière cavalière et irresponsable avec laquelle il est géré. On perd beaucoup à ne pas entendre ses critiques. Aussi reproduisons-nous, ci-dessous, son statut, pour qui veuille entendre et tirer les leçons nécessaires, après la déroule de la sélection tunisienne au Mondial de Russie sous la conduite de l’imam Maaloul et du magouilleur en chef Wadii Jari, sous la conduite de qui le football tunisien a touché le fond : soupçons de corruption, haines partagées, violence dans les stades, etc.

«La Tunisie s’est ratée au Mondial et c’est, depuis 78, la quatrième fois. On est sur des schémas peu ou prou identiques : les ‘‘Aigles’’ se transforment en stagiaires – en observation – dès lors qu’une compétition internationale commence. Inutile d’être expert pour voir les ratés au premier coup d’œil : joueurs à la rue physiquement, paumés à la moindre accélération de l’adversaire, indisciplinés sur les coups de pieds arrêtés – bref, un joyeux bordel, qui n’est pas qu’une question de ‘‘talent’’.

«Quelques chiens de la casse m’ont taxé de ‘‘raciste’’ pour un mini compte rendu de match où il était question de la faiblesse de la sélection tunisienne et de son entraîneur, qui est au mieux un adjoint, au pire un consultant télé – lequel se gargarise parce qu’il a éliminé en qualifications un Congo d’une rare faiblesse. Il faudrait donc choyer ‘‘le petit’’ et lui dire qu’il est beau même quand il se foire dans les grandes largeurs – être ‘‘patriote’’ et pas ‘‘colonisé’’ comme je m’appelle Kefi.

«On est pourtant au-delà de la performance sportive : la Tunisie, footballistiquement, est gérée par des amateurs qui misent tout sur le court-terme. Qui refusent toute critique parce que ‘‘c’est déjà bien d’être là’’. Qui envoient (indirectement) des joueurs cadres se perdre en Arabie Saoudite une année de Coupe du Monde, lesquels reviennent avec une condition physique de comptable. Le court-terme, toujours le court-terme. Le ‘‘Allah ghaleb’’ (Dieu n’a pas voulu) à toutes les sauces, tout le temps, comme s’ils étaient nés sans deux bras, deux jambes et sans cerveau.

«La mentalité du ‘‘gagne-petit’’ – se contenter des biscuits sans se dire qu’il y a de meilleurs gâteaux juste derrière la porte. Globalement, ce foutu court-terme – la politique du ‘‘ne me parle pas de demain, c’est aujourd’hui que ça se passe’’ – est en train d’épuiser la Tunisie. Au-delà du football.»

* Journaliste à ‘‘Libération’’.

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