Mehdi Ben Gharbia sur la Place Rouge à Moscou, supportant l’équipe Tunisie au Mondial 2018.
La démission très bien préparée, très bien étudiée, très bien présentée, très bien orchestrée, très vite acceptée, très «zotille», a-t-on envie de dire, de Mehdi Ben Gharbia hier, samedi 14 juillet 2018, ne semble pas du tout innocente.
Par Imed Bahri
Mehdi Ben Gharbia est très proche du chef du gouvernement Youssef Chahed car il y a ce qu’on appelle les «Chahed Boys», ces derniers comptent entre autres M. Ben Gharbia, Iyed Dahmani, porte-parole du gouvernement, Hichem Ben Ahmed, secrétaire d’Etat chargé du Commerce extérieur, passé du RCD à Nidaa Tounes puis à Afek et maintenant il a été obligé de quitter ce parti pour rester au gouvernement tout comme Riadh Mouakhar, ministre des Affaires locales et de l’Environnement, un autre «Chahed Boy».
Une épine en moins dans le pied de Chahed ?
Les gens mal informés relaient que Mehdi Ben Gharbia traîne des casseroles, que c’est donc une épine en moins dans le pied du chef du gouvernement, qu’il aurait été sacrifié sur l’autel de la satisfaction de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), tout ceci est faux.
Dans la galaxie yousséfiste, l’astre bizertin figure en bonne place. Les intentions de Youssef Chahed de se présenter en 2019, qu’il reste ou pas d’ailleurs à la Kasbah, ne sont plus un mystère pour personne. Il faut être une autruche pour ne pas voir ceci.
D’après les personnes averties et bien introduites, les préparatifs vont bon train et M. Ben Gharbia serait celui qui est chargé de préparer et panifier cette candidature, de réfléchir à mettre en place une structure partisane car Nidaa Tounes n’est plus qu’un cadavre avant de devenir directeur de campagne.
Les affaires (ces détracteurs diront l’affairisme), la politique, les réseaux, la parlotte – car en langue de bois, M. Ben Gharbia en sait quelque chose – lui donnent une certaine importance; toutefois ceci agace et agace vraiment auprès des soutiens de M. Chahed, qui menacent même de le lâcher s’il donne à M. Ben Gharbia un rôle central dans son aventure présidentielle.
Du parti Ennahdha à la galaxie yousséfiste
Il faut dire que ce dernier fut membre tour-à-tour d’Ennahdha, avant la révolution de 2011, du Parti démocratique progressiste (PDP), d’Al-Jomhouri, du Pôle démocratique (à ne pas confondre avec le Courant démocratique, Attayar) et aujourd’hui dans la galaxie yousséfiste.
Cela frise l’opportunisme et cela agace le soutien populaire de M. Chahed qui fait sa force dans l’opinion et sa popularité et qui veut voir de nouveaux visages et non des profils surconsommés comme M. Ben Gharbia et M. Dahmani.
M. Gharbia a déclaré dans une interview parue ce matin, dimanche 15 juillet 2018, dans les colonnes du quotidien arabophone ‘‘Le Maghreb’’ qu’il continuerait à soutenir le gouvernement et à le défendre, tout en retrouvant sa liberté, propos qui confirment le futur projet de M. Ben Gharbia. Et d’ajouter non sans fierté qu’il fut le premier à évoquer l’idée du «tawafoq» (consensus) entre Ennahdha et Nidaa avant tout le monde et avant 2013 et de souligner que «le tawafoq est une obligation et non un choix et qui doit se poursuivre».
M. Gharbia sera-t-il à Youssef Chahed ce que Raouf Khamassi fut à Béji Caïd Essebsi, quand ce dernier fonda Nidaa Tounes, en 2012? À savoir l’affairiste de service et le trait d’union avec les islamistes d’Ennahdha et celui qui plaidera pour un «tawafoq» ad vitam aeternam avec les islamistes ?
Tunisie : Mehdi Ben Gharbia soutient Chahed mais quitte le gouvernement
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