Demain, lundi 30 juillet 2018, une nouvelle flottille de la liberté arrivera aux abords de Gaza. Arrivera-t-elle à bon port, ou sera-t-elle victime d’un nouvel acte de piraterie de la part des autorités israéliennes? La solidarité internationale avec les Palestiniens ne faiblit pas.
Par Dr Salem Sahli *
Depuis juin 2007, dans une indifférence quasi-totale, un blocus israélien étrangle la bande de Gaza. Israël a en effet unilatéralement décidé de faire de cette bande de terre – de 40 km de long sur 9,5 km de large et habitée par près de un million et demi de personnes – une «entité hostile».
De même, les Etats-Unis et l’Europe n’avaient guère paru s’émouvoir lorsque l’armée israélienne lança trois guerres sur Gaza en moins de six ans : l’opération Plomb durci 2008, l’opération Pilier de défense en 2012 et l’opération Bordure protectrice en 2014. Ces agressions ont provoqué la mort de milliers de civils, dont plus de 20% sont des enfants, et anéanti une grande partie des infrastructures de l’étroit territoire.
La flottille de la liberté
Pourtant, en 2010, il nous avait semblé que les lignes commençaient à bouger un peu, et qu’à la faveur de l’arraisonnement sanglant de la flottille humanitaire le 31 mai 2010, le monde redécouvrait le malheur des Palestiniens et semblait s’intéresser à nouveau au sort d’une population sans défense enfermée à ciel ouvert. Ce jour-là, l’armée israélienne avait tué neuf militants pacifistes Turcs qui tentaient avec d’autres de porter vivres, assistance médicale et soutien aux populations palestiniennes.
D’autres flottilles ont tenté de briser le blocus imposé à Gaza. Elles ont toutes été attaquées et arraisonnées en eaux internationales par la marine israélienne. Les bateaux sont volés, les équipages et participants kidnappés, amenés de force en Israël avant d’en être expulsés.
Une énième flottille, la Flottille de la Liberté a quitté voici deux mois l’Europe du Nord en faisant plusieurs escales dans de nombreux pays, dont quatre en France, pour se regrouper en Méditerranée avant de voguer vers les eaux palestiniennes. Elle sera aux portes de Gaza lundi 30 juillet 2018. Arrivera-t-elle à bon port, ou sera-t-elle victime d’un nouvel acte de piraterie de la part des autorités israéliennes? Nous verrons.
Les participants et équipages de la flottille apportent des médicaments aux Palestiniens de la bande de Gaza mais surtout sont porteurs d’un message de solidarité humaine, contre la violence militaire et le blocus infligés à Gaza depuis 11 ans.
Parlons-en du blocus de Gaza ?
À Gaza, la stratégie israélienne est implacable. À peine maintenue à flot, 80% des Gazaouis vivent de l’aide humanitaire. Ils reçoivent juste de quoi ne pas mourir de faim. «Ni prospérité, ni développement, ni crise humanitaire». Telles sont les consignes. On navigue entre le cynisme et le grotesque.
Chaque semaine, l’autorité militaire israélienne ayant en charge les territoires occupés se réunit pour déterminer quelles denrées alimentaires sont autorisées à entrer à Gaza. D’accord pour la pomme ou la banane, niet pour les produits «de luxe» tels que l’abricot, le raisin et l’avocat. Il y a un an, la citrouille et la carotte faisaient leur apparition sur les étals des marchands de fruits et légumes, mais la cerise, le kiwi, l’amande verte, la grenade demeurent interdits.
Il y a quelques mois, Israël et ses habituels inconditionnels se targuaient de l’assouplissement du blocus de Gaza. En effet, l’Etat hébreu avait alors autorisé les sodas, les jus de fruits, la confiture, les épices, la mousse à raser, les biscuits, les frites et surtout le chocolat. Stratégique n’est-ce pas? Il faudrait peut-être les en remercier.
Nous savons que les chemins de la prise de conscience sont longs et sinueux. Mais les drames endurés par les Palestiniens de Gaza ont tellement secoué les consciences que de larges secteurs de l’opinion publique internationale expriment désormais leur rejet de la sempiternelle et hypocrite réaction face aux crimes d’Israël. On ne pourra plus cette fois-ci leur rejouer la comédie de l’indignation, de la protestation ou de la demande d’enquête. Ça ne prend plus.
* Président de l’Association de l’éducation relative à l’environnement de Hammamet.
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