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Kapitalis souhaite un joyeux anniversaire à Youssef Zarrouk

Aujourd’hui, dimanche 5 août 2018, est le jour d’anniversaire de notre ami l’intermédiaire, le dandy de la banlieue nord de Tunis et le poète Youssef Zarrouk. À cette occasion, Kapitalis lui adresse une lettre pour lui souhaiter un joyeux anniversaire.

Par La rédaction de Kapitalis

Lettre à Youssef,

Bonjour,

La vie est belle. Ce matin, la mer est magnifique, le ciel est grand, beau, majestueux et généreux et les rayons de soleil caressent les lève-tôt. Sidi Bou Saïd règne sur la Méditerranée. Quel beau dimanche! Et ce n’est pas un hasard, c’est l’anniversaire de Youssef.

L’intermédiaire, le dandy de la banlieue nord, le poète, le pilier du Club nautique de Sidi Bou Saïd et l’amoureux de la vie, Youssef Zarrouk, fête ses 74 printemps. Où que vous soyez dans le village des saints, au Club nautique, à Cannes, au Bristol ou sur le yacht, nous vous souhaitons le plus joyeux et le plus agréable des anniversaires cher Youssef Zarrouk. Nous vous souhaitons une vie aussi longue que possible et aussi heureuse que possible.

Tout abord, cher Youssef, il faut résoudre un malentendu qui hélas a surgi entre nous et qui risque d’empoisonner à tort notre relation ô combien pure! Vous avez écrit, jeudi dernier, en faisant référence à Kapitalis : «J’espère que la semaine prochaine ils recevront un gros chèque de leurs patrons». Double diffamation. Et d’ajouter: «Je veux encore espérer dans un journalisme qui ne soit ni du racket ni du chantage».

Diable! Quelle mouche a piqué Youssef? Il n’y a ni chèque, ni aucun patron, ni aucun racket, ni aucun chantage. Ce réflexe pavlovien de la vieille école qui consiste à crier au complot et à jouer la victime ne vous sied pas cher Youssef. Cette posture ne sied pas à un dandy et de surcroît au dandy de la banlieue nord que vous êtes. Sachez que si n’importe quelle personne aussi puissante, influente ou introduite qu’elle soit nous demande de vous faire chanter, de vous racketter ou de vous faire le moindre mal, nous la dénoncerons publiquement sur Kapitalis, nous la démasquerons devant l’opinion publique tunisienne et nous lui ferons capoter ses sales desseins.

Soyez rassuré cher Youssef. Notre sincérité, notre franchise et notre goût de la transgression ne doit aucunement être interprété à mauvais escient. Les procès d’intention et les accusations à tort ne ressemblent pas aux dandys, aux poètes et aux amoureux de la vie. La rancune ne fait pas partie de notre vocabulaire ici à Kapitalis, par conséquent, les accusations diffamatoires et fallacieuses portées à notre endroit, jeudi, nous n’en tiendrons pas compte et nous considérons, cher Youssef, que vous les avez écrites malencontreusement. Elles ne vous ressemblent pas. Évitez-les cher Youssef, car en évitant ce genre de comportements, on accède au rang de seigneur. Et un seigneur ne se comporte jamais de la sorte. Maintenant que le malentendu – qui s’apparente à des nuages d’été qui ne perdurent pas longtemps – est dissipé, passons!

Pour tout vous dire cher Youssef, vos statuts Facebook sont un mélange de raisonnement particulier, de drôlerie, de traits d’esprit cadencé d’un je-ne-sais-quoi fait d’ambiguïtés et de contradictions. En un mot, c’est un style particulier. Et un style que nous ne retrouvons pas hélas chez aucun facebooker tunisien (excusez cet anglicisme cher Youssef).

C’est dans ce sens et dans le sens d’élever le débat public que nous nous intéressons à vos publications et que nous les portons à la connaissance du plus grand nombre de vos compatriotes. La générosité est aussi dans le verbe et dans le partage du verbe et de l’essence du verbe. Ahhh cher Youssef! Le débat, la critique et la confrontation des idées nous habitent et vous habitent.

C’est dans ce sens que nous lisons avec grand intérêt vos publications facebookiennes qui ne sont pas prolixes mais, au contraire, regorgent de subtilité, de messages et de missives. Quand c’est positif nous ne pouvons que saluer mais quand ce ne l’est pas notre goût du débat, de la critique et surtout de la transgression nous amène à vous mettre devant vos propres contradictions.

Il est inconcevable de jouer à l’opposant des pouvoirs en place successifs, vous n’avez jamais été un opposant. Il est inconcevable de jouer au révolutionnaire, vous ne l’êtes pas. Il est inconcevable de jouer à l’altermondialiste et de dénoncer le capitalisme, vous n’êtes pas un altermondialiste et vous êtes un capitaliste. De par votre métier d’intermédiaire, vous traitez avec les multinationales, en les conseillant, en les implantant ou en les aidant à remporter un marché. De par votre métier, vous êtes partie prenante du capitalisme. Vous êtes un maillon dans le système capitaliste. C’est ridicule d’être capitaliste et d’insulter le capitalisme. C’est ridicule de jouer à l’opposant quand on ne l’a jamais été ou au révolutionnaire quand on ne l’a jamais été. De ce fait, il faut assumer et non pas prendre les gens pour des cons en leur faisant croire l’inverse des choses, l’inverse de ce que l’on est et l’inverse de la réalité.

Certes, beaucoup de vos groupies et vos laudateurs sur Facebook quoi que vous disiez, même la chose aujourd’hui et son contraire le lendemain, vous diront «Bravo Youssef», «Tu as raison Youssef», «Je suis toujours d’accord avec toi Youssef». C’est hypocrite, malhonnête et cela ne nous avance aucunement cher Youssef.

Donc si Kapitalis vous taquine comme vous l’aviez écrit l’autre jour, c’est sans aucune méchanceté comme vous l’aviez écrit aussi et c’est pour avancer vers la vérité et dynamiter les contradictions yousséfistes.

Rappelez-vous cher Youssef, le 25 juillet, vous écriviez : «le journaliste m’affuble du titre d’intermédiaire», donc vous n’assumiez pas votre métier d’intermédiaire. Le 3 août, vous écriviez : «Mon métier d’intermédiaire je l’ai exercé honnêtement». Par conséquent, comme disait Charles Monard : «De la discussion jaillit la vérité», il est donc indispensable de ne pas être dans la complaisance de vos groupies et de vos laudateurs sur Facebook mais de laisser place à la confrontation des idées et au débat, qui seuls pourront nous faire avancer.

Toutefois, il est une chose qui nous choque chez vous cher Youssef, c’est qu’un dandy, un esthète et un poète ne peut se ranger du côté du népotisme. Vous écriviez le 9 juin à propos de Béji Caïd Essebsi: «Les Tunisiens vous aiment, vous êtes le père qui les a sauvés du sort de la Syrie ou de la Libye. Vous avez raison de vouloir garder Hafedh à vos côtés, c’est votre fils et il ne vous trahira pas.»

Au-delà de l’exagération et de l’excès de zèle dans ce vous écriviez sur Béji Caïd Essebsi presque élevé au rang de divinité, vous ne défendez pas seulement le népotisme, pire vous le justifiez. Vous vous dites républicain, bourguibiste et imbibé de valeurs républicaines, alors cher Youssef, comment osez-vous défendre le népotisme? On attend de vous de vous dresser tel un lion dans le visage du népotisme, de sortir vos griffes dans le visage du népotisme au lieu de caresser ce népotisme qui sert comme personne le projet des islamistes et qui les fera gagner en 2019.

Cher Youssef, il faut rugir tel un lion sur la colline de Sidi Bou Saïd afin que dans le contrebas, à la Présidence, ils entendent votre rugissement contre le népotisme.

Cher Youssef, deux remarques s’imposent, d’abord concernant votre dandysme, le dandysme n’est pas antinomique à notre habit traditionnel. Certes, arborer, les étoffes les plus raffinées des maisons parisiennes est beau et chic, toutefois n’y a-t-il pas un tantinet d’incongruité en cela? Il faut aider l’artisanat tunisien et ses métiers artisanaux, surtout quand on se réclame patriote et soldat de la tunisianité. Oui Youssef, il le faut. Il faut porter la jebba tunisienne. Quoi de plus beau et de plus pur qu’une belle jebba qamraya (en lin) blanche en plein été et surtout le jour de votre anniversaire? Portez la jebba Youssef. Portez-la cher Youssef, montrez que dandysme et tunisianité vont de pair. Et portez-la durant toutes les saisons, comme vous savez, il existe moult variétés de jebba.

La seconde remarque concerne Béji Caïd Essebsi. Il souffre de la solitude du pouvoir et de l’usure du pouvoir, quoi de mieux cher Youssef que de passer le prendre, en fin d’après-midi, dans votre Mercedes deux portes coupé (un goût de dandy et non le goût des grosses bolides comme les parvenus) et faire avec lui un tour dans la banlieue nord? Cela lui fera du bien et récitez-lui quelques vers d’Aragon à cette occasion.

Cher Youssef, venons-en à votre anniversaire. Hammamet a décidé de vous rendre hommage en organisant demain une soirée poétique avec le grand poète syrien Adonis. Pourrait-t-il y avoir à aussi bel hommage à un amoureux d’El Moutanabbi, d’El Khansa, d’Aragon et du prince des poètes Chawki? Quelle reconnaissance de la part d’Hammamet! Mais le Club nautique qu’a-t-il prévu pour son pilier, pour celui qui a tant donné à ce club? Nous saisissons cette occasion pour dénoncer l’ingratitude du Club nautique à l’égard de Youssef. La moindre des choses est que le Club nautique baptise sa grande salle «Salle Youssef Zarrouk», la moindre des choses.

Youssef, le 5 décembre dernier, vous rendiez un bel hommage à feu Jean d’Ormesson de l’Académie française: «En souvenir de la bonne bouteille partagée au Grand Véfour en 82 ou 83». Quel intermédiaire dans le monde peut se targuer d’avoir partagé la table d’un aussi fin lettré comme Jean d’O? Quel intermédiaire peut-il se targuer d’avoir partagé une bouteille avec Jean d’O? Qui? Personne outre notre intermédiaire et dandy de la banlieue nord Youssef Zarrouk. Le Grand Véfour, les jardins du Palais-Royal, le Bristol, etc… Le raffinement et le dandysme quoi!

Daniel Cohen-Bendit traita le grand Aragon en bas du boulevard Saint-Michel, lors de l’orageux mois de mai 1968, de «crapule stalinienne». Ahhh si Youssef était là! Il aurait pris Dany le Rouge par sa tignasse rousse, l’aurait entraîné jusqu’au Bristol et lui aurait foutu deux baffes pour lui apprendre à s’en prendre à son poète préféré. Il n’y a que les goujats et les malotrus qui s’en prennent aux poètes.

Ah le Bristol! Le palace de la rue du Faubourg Saint-Honoré. Les fins esthètes n’habitent pas les maisons comme le commun des mortels. Coco Chanel élisait domicile au Ritz bien avant qu’il ne soit racheté par Al-Fayed, Youssef lui préfère le Bristol, toujours attiré par le pouvoir (le Palace se trouve dans la même rue que l’Elysée).

Youssef, nous vous souhaitons que du bonheur et que de belles choses. Nous vous souhaitons d’emménager et d’élire domicile dans le Palais du baron d’Erlanger. Rodolphe fut comme vous un grand amoureux de la vie et du village des saints. Autre point commun entre Rodolphe et Youssef, le dandysme mais également la poésie. Vous écrivez l’autre jour cher Youssef : «Comme la poésie est réconfortante et comme la belle musique soulage. La rencontre des deux est toujours un moment exceptionnel». Et là non seulement nous sommes d’accord avec vous (quand il le faut nous le réclamons sans aucun problème) et nous l’appuyons par cette magnifique citation de Clemenceau : «La poésie et la musique sont les suprêmes délices des choses».

C’est dans ce sens que Kapitalis a décidé de vous offrir deux cadeaux pour votre anniversaire: d’abord ce poème d’Aragon, ce fut une tâche ardue pour se décider quel poème d’Aragon faut-il choisir. Finalement le choix du poème ‘‘Il n’y a pas d’amour heureux’’ fut scellé car il est beau et nous ramène sur Terre, il vous rend désabusé. Vous êtes un amoureux de la vie cher Youssef comme nous d’ailleurs mais il faut être réaliste:

«Rien n’est jamais acquis à l’homme Ni sa force
Ni sa faiblesse ni son cœur Et quand il croit
Ouvrir ses bras son ombre est celle d’une croix
Et quand il croit serrer son bonheur il le broie
Sa vie est un étrange et douloureux divorce
Il n’y a pas d’amour heureux

Sa vie Elle ressemble à ces soldats sans armes
Qu’on avait habillés pour un autre destin
À quoi peut leur servir de se lever matin
Eux qu’on retrouve au soir désœuvrés incertains
Dites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes
Il n’y a pas d’amour heureux

Mon bel amour mon cher amour ma déchirure
Je te porte dans moi comme un oiseau blessé
Et ceux-là sans savoir nous regardent passer
Répétant après moi les mots que j’ai tressés
Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent
Il n’y a pas d’amour heureux

Le temps d’apprendre à vivre il est déjà trop tard
Que pleurent dans la nuit nos cœurs à l’unisson
Ce qu’il faut de malheur pour la moindre chanson
Ce qu’il faut de regrets pour payer un frisson
Ce qu’il faut de sanglots pour un air de guitare
Il n’y a pas d’amour heureux.»

Ensuite, le second cadeau est un article du ‘‘Parisien’’ sur Fa-Raon, le chat du Bristol.

Tâchez cher Youssef de caresser pour nous Fa-Raon, le chat du Bristol.

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