Lazhar Akremi, Abdessattar Messaoudi et Nadhir Ben Yedder.
Selon le comité de défense d’Ahmed Laouini, employé au ministère de l’Intérieur et principal témoin à charge dans l’affaire Chafik Jarraya, le procureur de la république, Bechir Akremi, ne cesse de harceler leur client dans le seul but de le discréditer et de faire libérer le baron de la corruption.
Lors d’une conférence de presse tenue aujourd’hui, mardi 14 août 2018, à l’hôtel Africa, à Tunis, Me Abdessattar Messaoudi, un des avocats de M. Laouini, a indiqué que son client s’est vu coller plusieurs affaires afin de jeter le doute sur son témoignage contre Chafik Jarraya, arrêté en mai 2017 et poursuivi par le tribunal militaire pour atteinte à la sûreté de l’Etat, trahison et intelligence avec une armée étrangère.
«A partir de ce moment là, la machine de la corruption financière, politique et judiciaire a commencé à fonctionner à plein gaz, et ce dans le but de faire accréditer que les témoignages de notre client sont erronées», a-t-il déclaré, tout en dénonçant l’ouverture d’une enquête contre Ahmed Laouini pour mouchardage.
Me Messaoudi a, par ailleurs, indiqué que l’affaire est actuellement examinée par la justice, assurant que les dénonciateurs de la corruption sont censés être protégés par la loi n°2017-10 du 7 mars 2017 relative à la dénonciation de la corruption et à la protection des dénonciateurs. Et non traînés devant la justice pour être réduits au silence.
«Le but de l’ouverture de l’enquête contre le sécuritaire Ahmed Laouini, accusé d’avoir fourni un faux témoignage, est de retirer l’affaire de Chafik Jarraya du tribunal militaire pour la confier à la justice civile, et ceci est contraire à la loi. La justice militaire a interrogé notre client et l’a relaxé», a-il expliqué.
Rappelons que Ahmed Laouini avait indiqué au juge d’instruction que Saber Laajili, ancien chef de la brigade antiterroriste à Gorjani, lui avait demandé, en septembre 2016, soit un an avant son arrestation, de retrouver le dossier d’un jihadiste libyen incarcéré en Tunisie, et de le manipuler de façon à permettre de libérer le jihadiste concerné; demande que le sécuritaire avait refusé de satisfaire. Cette scène s’était passée en présence de Chafik Jarraya, qui était liés aux réseaux islamistes armés libyens.
Ces faits, rappelons-le, sont le déclencheur de l’affaire Jarraya, dans laquelle sont impliqués des dirigeants politiques et des patrons de médias. D’où les tentatives actuelles visant à faire taire Ahmed Laouini et les pressions judiciaires visant à le faire revenir sur ses témoignages.
Chafik Jarraya va entraîner beaucoup de monde dans sa chute et c’est ce monde-là qui tente aujourd’hui, par tous les moyens, y compris par l’instrumentalisation de la justice, de le faire libérer.
E. B. A.
Affaire Jarraya : Le principal témoin à charge harcelé par la justice
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