Les temps sont durs pour le chef du Parti travailliste britannique, Jeremy Corbyn. Depuis quelques jours, ses adversaires politiques exigent qu’il s’explique sur sa présence en Tunisie, en 2014, et sur sa participation dans notre pays à une conférence sur la Palestine…
Révélé samedi dernier par le tabloïd britannique ‘‘Daily Mail’’, proche du Parti conservateur, ce déplacement de Jeremy Corbyn en Tunisie a enflammé les médias, les réseaux sociaux et, évidemment, la classe politique. Très vite, les choses se sont emballées et le dirigeant du Labour s’est trouvé accusé d’«antisémitisme» – pour avoir accepté une invitation palestinienne et pour avoir dénoncé les violences subies par les Gazaouis sous l’occupant israélien.
Que des conservateurs s’en prennent au chef du Parti travailliste, cela passe encore. Etant donné les bons résultats du Labour dans les récents sondages d’opinion et sa popularité croissante, l’on comprend l’affolement des Tories et la manière avec laquelle ils ont sauté sur l’occasion pour descendre en flamme Jeremy Corbyn et ses positions pro-palestiniennes. Ce qui a d’étonnant dans cette controverse suscitée par le séjour tunisien du dirigeant travailliste, c’est qu’un certain nombre de dirigeants de son propre parti lui demande eux aussi des comptes… et souhaitent même sa démission.
Chaque jour, cette polémique monte d’un cran. Tout d’abord, on a reproché à Jeremy Corbyn d’avoir déposé, en marge de cette conférence sur la Palestine, une gerbe de fleurs sur la tombe de martyrs palestiniens – prétendument les auteurs de l’attentat des Jeux olympiques de Munich de 1972.
Corbyn réfute l’accusation. Il se défend en déclarant qu’il a plutôt rendu hommage aux 47 Palestiniens tués lors de l’attaque aérienne israélienne sur la base de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) en 1985, à Hammam Chatt.
Le ‘‘Daily Mail’’, qui présente une photo de cette commémoration «obtenue auprès des Palestiniens», ne lâche pas prise et a trouvé nombre de preneurs de sa théorie de l’«antisémitisme» de Jeremy Corbyn.
L’offensive a pris d’autres proportions. On reproche désormais au leader travailliste d’avoir été pris en charge financièrement, lors de son séjour à Tunis en 2014, par l’OLP – et non pas en payant ses frais lui-même ou en acceptant l’hospitalité du gouvernement tunisien.
Jeremy Corbyn déposant une gerbe de fleurs sur les tombes des 47 Palestiniens tués lors de l’attaque aérienne israélienne sur la base de l’OLP en 1985, à Hammam Chatt, au sud de Tunis.
Bref, la machine pro-israélienne est en marche et, de Tel Aviv, Benjamin Netanyahou a fait entendre sa voix. Il veut la peau du chef du Labour: «Le dépôt d’une gerbe par Jeremy Corbyn sur les tombes [des auteurs de l’attaque de Munich] et sa comparaison d’Israël et des nazis méritent la condamnation sans équivoque de tous : gauche, droite et tous entre les deux», écrit sur Twitter le chef du Likoud.
Marwan Chahla
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