Les étudiants sont appelés à devenir des acteurs du changement positif pour assurer le futur du tourisme au sein de leur propre destination et à suivre leur trajet vers un secteur de tourisme durable pour l’île de Djerba jusqu’en 2030.
Par Naceur Bouabid
Djerba, fleuron du tourisme tunisien, connue comme l’une des destinations les plus prisées à l’échelle du tourisme méditerranéen, constitue un territoire riche en patrimoines matériel et immatériel dont le modèle touristique en vigueur a banalisé l’apport et le profit à tirer.
Certes, grâce au tourisme, des investissements considérables de capitaux ont été mis en jeu, des revenus substantiels ont été générés, des emplois ont été créés, et des entrées importantes en devises ont été assurées, mais ce modèle touristique des flux en masse et du balnéaire à outrance, prôné sans relâche ces derniers temps, a fait ombrage à toutes les autres facettes alternatives du tourisme, reléguant à la marge des activités touristiques tous les éléments de l’héritage insulaire, qu’ils soient matériels, immatériels ou naturels, restés malheureusement hors du feu des projecteurs.
Deux cibles majeures : l’environnement et le patrimoine
Outre la marginalisation du rôle fondamental du legs patrimonial et des spécificités naturelles, un tel modèle de gestion de la destination n’a pas été sans séquelles indélébiles sur l’environnement, l’enfant pauvre du secteur du tourisme
Or, dans le contexte actuel de défis mondiaux multiples, tels que le dérèglement climatique dont l’impact désastreux est réel, voire vérifié, et qui englobe notre île dans son sillage, le changement de vision stratégique résidant dans le développement d’un tourisme durable, innovateur, impliquant la population locale, et soucieux du salut de l’environnement, n’est plus un choix et s’avère incontournable pour pouvoir répondre aux enjeux réels du développement durable, instamment recommandé par le «Programme de développement durable à l’horizon 2030» adopté par l’Assemblée générale des Nations Unies le 25 septembre 2015, et reposant sur 17 Objectifs de développement durable décliné en 169 cibles dans divers domaines. La cible 8.9 dudit programme recommande, à juste titre : «D’ici à 2030, élaborer et mettre en œuvre des politiques visant à développer un tourisme durable qui crée des emplois et mette en valeur la culture et les produits locaux».
Investissement dans le tourisme durable et à l’innovation
C’est précisément dans cette perspective d’ancrage de cette nouvelle vision ou attitude chez les jeunes que s’inscrivent les travaux de l’école d’été, intitulée “Tourisme Djerba 2030 –Entre plage et culture” organisée à l’Iset de Djerba, conjointement par le Centre de carrières et de certification des compétences de l’institut et l’Agence de coopération internationale allemande (GIZ) au profit de 97 participants, entre étudiants, jeunes diplômés et jeunes professionnels du tourisme en Tunisie.
Cette école d’été a consisté en un cours interactif réparti sur cinq jours du lundi 1er septembre au vendredi 5 septembre 2018, avec la participation de conférenciers internationaux, en l’occurrence Matthias Beyer (Gestion des destinations), Peter Becker (Tourisme culturel), Wolfgang Strasdas (Tourisme durable), et Maeve O’Brien (Entrepreneuriat).
Un deuxième volet pratique de la formation était prévu et a permis aux apprenants de découvrir le site archéologique de Meninx abritant, pour leur bonheur, une mission de fouilles menée conjointement par l’Institut national du patrimoine et une équipe allemande, de visiter des espaces de production artistique et d’innovation, et de rencontrer des porteurs des savoirs patrimoniaux.
Tourisme durable pour l’île de Djerba jusqu’en 2030
Amener les étudiants à devenir un acteur du changement positif pour assurer le futur du tourisme au sein de leur propre destination, les guider sur leur trajet vers un secteur de tourisme durable pour l’île de Djerba jusqu’en 2030, développer leurs connaissances et leurs compétences en matière de tourisme culturel et de gestion de destination durable, les aider à établir des liens entre l’offre touristique, la commercialisation, l’environnement et la création d’emplois, et mettre en œuvre, désormais, la philosophie d’objectifs de développement durable dans leur travail, tels étaient les objectifs assignés à cette école d’été qui a donné, à vrai dire, à satisfaire, tant aux jeunes bénéficiaires de la formation, aux formateurs qu’aux organisateurs.
* Ancien président de l’Association de sauvegarde de l’île de Djerba (Assidje).
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