Avec Qabous Ibn Saïd, le sultan d’Oman, qui vient d’accueillir à Mascate le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, les Américains tiennent un bon allié dans la région du Golfe, une sorte d’anti-Mohammed Ben Salman (MBS), le brutal prince héritier d’Arabie saoudite.
Par Imed Bahri
Le président Donald Trump, dont la politique au Moyen-Orient est dictée par deux éléments majeurs, l’accès aux ressources pétrolières et gazières et la protection de la sécurité d’Israël, va désormais sous-traiter sa politique dans la région au sultan Qabous et non plus à Mohammed Ben Salman, encore faut-il que l’Omanais accepte de sortir de sa discrétion et de sa neutralité légendaires pour se donner, au crépuscule de sa vie, un rôle et une mission auxquels il n’a peut-être jamais songé jusque-là.
Qabous l’anti-MBS
Le locataire de la Maison blanche, son administration et les Américains en général ont compris qu’ils ne peuvent plus confier leur politique dans le monde arabe à un homme brutal qui les a mis dans de mauvais draps en faisant assassiner le journaliste Jamal Khachoggi dans le bâtiment même du consulat d’Arabie saoudite à Istanbul, en Turquie.
Aussi, et en attendant des changements en Arabie saoudite qui, dans ce pays, prennent beaucoup de temps, vont-ils peut-être changer le fusil d’épaule en confiant ce rôle et la mission y afférent (notamment le dossier palestinien et, peut-être aussi, la guerre au Yémen) à un homme expérimenté, discret et subtil comme Qabous, le contraire même de MBS.
Quant aux Israéliens, dont la brutalité légendaire n’interdit pas une dose de subtilité, ils préfèrent sans doute, eux aussi, avoir comme vis-à-vis quelqu’un de solide et de bien rodé et non pas un écervelé doublé d’une brute qui ignore tout de la politique, de la diplomatie et de ses exigences.
Des bouleversements géostratégiques en vue
Même si son pays n’a pas le même poids géostratégique que celui de l’Arabie saoudite, Qabous offre aussi, aux yeux des Américains et des Israéliens, l’avantage d’avoir de bonnes relations avec tous les Etats de la région, y compris avec l’Iran.
L’assassinat de Khachoggi, au-delà des difficultés dans lesquelles il a mis les Al Saoud, va provoquer une onde de choc géostratégique au Moyen-Orient, en remettant en selle l’Iran et la Turquie. La Russie et la Chine vont sans doute aussi en profiter pour renforcer leur présence dans cette région où ils cherchent à mettre pied durablement.
Quant au monde arabe, il est en pleine gestation et Dieu seul sait vers quels nouveaux bouleversements il va se diriger.
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