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Affaire Khashoggi : L’enquête saoudienne disculpe Mohamed Ben Salman

Le parquet saoudien reconnaît les détails sordides de l’assassinat crapuleux du journaliste Jamal Khashoggi, survenu le 2 octobre 2018, dans le bureau du consul saoudien à Istanbul. Toutefois, l’enquête menée par le parquet disculpe totalement le prince héritier, Mohamed Ben Salman (MBS) pourtant homme fort de l’Arabie qui centralise l’ensemble du pouvoir et décide de tout.

Par Imed Bahri

Oui, Jamal Khashoggi a été drogué, assassiné et dépecé. Oui, l’assassinat crapuleux digne d’un film d’horreur a été entrepris par les services de renseignement saoudien. Non, le prince héritier MBS n’était au courant de rien du tout. Il est innocent. Il est blanc comme neige. Le parquet saoudien a totalement disculpé, ce jeudi 15 novembre, le prince héritier alors que tout le monde sait qu’une décision d’une telle gravité ne peut être prise sans son aval par aucun subalterne.

Le général Ahmed Al-Assiri et le commando  risquent gros

Lors de son point de presse tenu ce matin, le procureur général du royaume a déclaré que MBS n’avait aucune connaissance du dossier.

L’homme pointé du doigt par le parquet saoudien et présenté comme le commanditaire de l’élimination physique du journaliste est le général Ahmed Al-Assiri, numéro 2 des services de renseignement saoudien. Avant d’être promu chef adjoint du Renseignement général en 2017, le général Assiri était le porte-parole de la coalition militaire intervenant au Yémen depuis 2015 contre les rebelles Houthis soutenus par l’Iran.

Sur un total de 21 suspects, le procureur général a inculpé à ce jour 11 personnes qui seront déférées devant la justice. Il a requis la peine capitale pour 5 d’entre elles.

Le procureur a déclaré que les efforts se concentrent aujourd’hui pour découvrir le lieu où ont été cachés les restes du cadavre de M. Khashoggi.

Rappelons que le journal turc ‘‘Sabah’’, proche du pouvoir turc et des renseignements avait révélé, samedi dernier, que les restes du cadavre dissous dans un acide ont été jetés dans les canalisations qui se trouvaient au-dessous de la résidence du consul saoudien à Istanbul. Découverte faite par les enquêteurs turcs.

Les révélations faites ce matin par le procureur général du royaume interviennent après le mutisme total des autorités saoudiennes quant au lieu où se trouvent les restes du cadavre et la gêne exprimée, hier, par le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Çavuşoğlu qui a exprimé qu’une enquête internationale est exigée à cause de la nonchalance des autorités saoudiennes.

Les Américains à la manœuvre sous le signe de la realpolitik

Dimanche, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo avait prévenu, dans un entretien téléphonique avec le puissant prince héritier MBS, que Washington allait «demander des comptes à toutes les personnes impliquées dans le meurtre de Jamal Khashoggi». Il avait estimé que l’Arabie saoudite devait en «faire de même».

La mise en garde de Pompeo intervient alors que la presse américaine critique l’administration Trump de faire preuve de laxisme avec les saoudiens dans l’affaire Khashoggi.

Notons qu’hier le président américain Donald Trump a nommé le général quatre étoiles John Abizaid, d’origine libanaise, un arabophone, qui a obtenu une maîtrise ès arts à l’université Harvard et à l’université de Jordanie à Amman. Lorsqu’il était à l’université d’Harvard, il a notamment écrit un mémoire sur l’Arabie saoudite. Le 27 juillet 2003, le général Abizaid succède au général Tommy Franks en tant que commandant de la US CentCOM (le commandement des forces américaines au Moyen-Orient) poste à l’issue duquel il prend sa retraite, en 2007. Dans le cadre de cette mission, il a supervisé les opérations américaines en Irak quelques mois après la chute de Bagdad.

Le choix d’un général quatre étoiles en tant qu’ambassadeur à Riyad n’est pas un choix fortuit, il indique que le complexe militaro-industriel reste la colonne vertébrale et l’axe majeur qui guide les relations entre les Etats-Unis et le royaume wahhabite. La realpolitik et les juteux marchés d’armement qui en découlent intéressent plus le président Trump que le meurtre d’un journaliste saoudien critique de l’actuel homme fort de l’Arabie, MBS.

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