Comme les princesses dans les films de Walt Disney, trois Tunisiennes ont réalisé leurs rêves de petites filles et elles témoignent de leurs réussites respectives : une femme ministre, une cheffe d’entreprise et une championne sportive.
Par Fawz Ben Ali
À l’occasion de la 2e édition du Disney Festival de Tunisie, l’Institut français de Tunisie (IFT) a organisé une rencontre sous le thème «Crois en tes rêves princesse», le samedi 24 novembre 2018, en présence de Neziha Labidi (ministre de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Séniors), Wided Bouchamaoui (ancienne présidente de l’Utica) et Habiba Ghribi (championne du monde et championne olympique en course).
Lancée en 2016 par The Walt Disney Company, la compagne «Crois en tes rêves princesse» vise à promouvoir les femmes et les jeunes filles qui se battent pour réaliser leurs rêves.
Le personnage de princesse a toujours existé dans les films Disney, mais l’image de ces héroïnes n’a cessé d’évoluer et de se rapprocher de la réalité notamment ces dernières années, comme le dernier énorme succès ‘‘La reine des neige’’, incitant les petites filles de croire en leurs rêves et devenir des femmes fortes.
Neziha Laabidi, Wided Bouchamaoui et Habiba Ghribi, trois femmes tunisiennes d’exception, sont venues parler de leurs rêves d’enfance et leurs parcours incroyables vers la réussite.
Tout commence très tôt
Neziha Laabidi, ministre de la Femme depuis août 2016, a commencé par témoigner sa fierté d’être Tunisienne et d’être née à un moment privilégié de l’histoire de la Tunisie, quand Habib Bourguiba commençait à ouvrir de nouveaux horizons aux jeunes filles.
Née d’une famille modeste, la ministre a été encouragée par ses parents pour faire des études brillantes : «Mon père me disait toujours que mon avenir est dans mon stylo !», dit-elle, se rappelant que cette phrase l’avait encouragée pour travailler très dur, avancer à pas sûrs dans la vie et devenir une personne importante.
En Mai 1968, Neziha Laabidi étudiait en France, et a vécu cette mouvance révolutionnaire, se trouvant côte-à-côte avec des femmes qui se battaient notamment pour le droit à la contraception et à l’avortement. «J’avais alors compris que ce qui comptait le plus n’est pas l’argent mais ce qu’on doit faire pour les autres», dit-elle. À cette époque, elle a commencé à faire ses premiers pas dans le militantisme et à participer à la vie politique en étant nommée représentante des étudiants nord-africains en France.
Interrogée sur la notion de héros et sur ses inspirations, la ministre a évoqué de nouveau Habib Bourguiba qui a toujours été pour elle un héros national, grâce à qui les femmes en Tunisie ont été portées très haut.
En ce qui concerne les priorités du ministère dont elle a la charge, Mme Laabidi estime qu’il est l’éventail de la société puisque tout commence au sein de la famille et dès l’enfance, ainsi, l’année 2017 a été «l’année de l’enfance», où il a été question d’évaluation pour enchaîner cette année avec «l’année de la révolution pour l’enfance», d’ailleurs, le ministère est partenaire du Festival Disney dans sa version tunisienne.
De l’entreprise familiale vers l’Utica
Wided Bouchamaoui, ancienne présidente de l’Utica, la centrale patronale a souligné qu’elle était la première femme tunisienne et arabe nommée à la tête d’un patronat, et tout comme la ministre Neziha Laabidi, elle n’a pas manqué de rappeler le rôle primordial qu’avait joué Habib Bourguiba pour promouvoir les femmes tunisienne.
Mme Bouchamaoui a également souligné que les parents doivent croire en leurs enfants dès leur bas âge et leur inculquer les valeurs du travail et de la persévérance, ce qui donne un élan de confiance pour la suite.
Evoquant sa propre expérience, la femme d’affaires s’est rappelée que l’éducation et les études étaient primordiales pour son père, et elle a tenu à honorer cet engagement envers lui. «J’étais une élève moyenne et j’étais très timide, mais j’ai beaucoup appris», confie-t-elle.
Interrogée sur son expérience au sein de l’Utica, Mme Bouchamaoui a parlé de l’ancien président du patronat Hedi Djilani qui avait beaucoup cru aux femmes alors qu’elles y étaient très minoritaires. Toutefois, les campagnes d’intimidation et les insultes n’ont pas manqué notamment sur facebook à l’encontre de l’ancienne présidente de l’Utica, précise-t-elle, annonçant par la même occasion qu’elle est en train d’écrire un livre pour parler des à-côtés de la révolution du jasmin et du rôle qu’avait joué l’Utica dans le processus démocratique, ce qui lui a valu le Prix Nobel de la Paix en 2015, étant membre du quartet du dialogue national.
Née d’une famille aisée, Wided Bouchamaoui a tout de même misé sur ses études pour gravir les échelons et a dû faire ses preuves au sein de l’entreprise familiale jusqu’à l’Utica.
On ne naît pas championne, on le devient
Pour notre championne nationale en 3000 mètres steeple, Habiba Ghribi, les choses n’étaient pas faciles non plus, d’autant plus qu’elle n’a commencé à courir qu’à l’âge de 15 ans, ce qui est très tard pour un futur athlète de haut niveau.
Issue d’une famille modeste d’un petit village de Kairouan, Habiba Ghribi n’avait pas les moyens de faire du sport; mais tout a commencé sur le chemin de l’école, où elle a dû courir pour arriver à temps surtout que l’école était très loin de la maison, et aussi rentrer en courant pour aider sa mère à faire les tâches ménagères.
La jeune femme a confié que les portes ne s’étaient réellement ouvertes pour elle que quand elle était partie en France, là où il y avait un vrai encadrement pour les sportifs, d’autant plus qu’en Tunisie, on n’avait pas cru au talent de la championne, mais, dit-elle : «J’ai toujours voulu être la première et gagner!».
Que ce soit dans la vie politique, ou économique, dans la société civile ou dans le sport, beaucoup de femmes tunisiennes continuent de tracer des parcours impressionnants, un peu comme les figures de Walt Disney, mais nos héroïnes nationales sont bien réelles et nous prouvent que la volonté et la persévérance peuvent faire des miracles.
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