Inaugurée le 14 janvier 2019, l’exposition de l’artiste et photographe tunisienne Ons Abid «Tunesische Frauen» («Femmes Tunisiennes»), qui se tient à la mairie de Stuttgart (Allemagne), se poursuivre jusqu’au 24 janvier.
L’exposition se tient dans le cadre de l’événement de lancement de la semaine tunisienne à Stuttgart par VTS, l’association des Tunisiens à Stuttgart.
Dans ses photographies, Ons Abid montre sa vision de la femme tunisienne, son rôle dans la société, dans la famille et son engagement avant, pendant et après la «révolution tunisienne» de 2011.
La semaine tunisienne à Stuttgart 2019 a été présentée par la maire Dr. Martin Schairer et Mohsen Sebai, consul de Tunisie à Munich.
Née à Sfax, Ons Abid fait des études en design graphique à l’Institut supérieur des beaux-arts de Tunis (2004), suivi d’un mastère et travaille dans la publicité pendant quelques années, puis elle se consacre entièrement à la photographie qui la propulsera dans l’univers des médias et de la presse, ce qui lui permet, en 2017, d’être formatrice et experte media avec l’Union Européenne.
En 2007, elle se consacre exclusivement à la photographie et commence sa collaboration avec le groupe parisien Jeune Afrique et AM, puis elle coopère en 2011 avec plusieurs médias internationaux comme AP London, Getty image NY, Der Spiegel, Paris Match, Marianne, Financial Times, The Guardian, NZZ Folio et Der Standard.
En 2008, sa résidence à l’École nationale de la photographie d’Arles lui a permis d’assister de grands photographes de renoms comme Peter Lindbergh.
Sa renommée internationale débute en 2009 quand elle est sélectionnée par le World Press Photo à Amsterdam parmi quinze photographes du monde arabe pour le «Mena photojournalism program» : c’est à ce moment-là qu’elle décide de revenir en Tunisie.
Ons Abid fait de la photographie narrative et documentaire. Le portrait occupe une place importante dans son travail. Elle aime travailler particulièrement sur l’identité sociale, la culture méditerranéenne, la migration, ainsi que la trace et la mémoire.
I. B. (avec communiqué).
Document : Ons Abid parle de son exposition et de sa démarche artistique
«Les photographies reflètent ma vision de la femme tunisienne, son rôle dans la société, dans la famille et son engagement avant et après la « révolution tunisienne » de 2011.
La « Révolution de Jasmin » a été pour moi un vrai tournant aussi bien professionnel que personnel.
Le 14 janvier 2011 une grande libération pour moi. Visuellement, la Tunisie était devenue un laboratoire à ciel ouvert. J’avais comme devoir de documenter tout ce que je voyais et vivais.
Des moments clefs de ma nation. C’est des images décisives de l’histoire de mon pays : j’étais présente à l’intérieur, je documentais pour l’extérieur.
Je travaillais sur le champ et le hors champ car je savais que beaucoup d’informations historiques manquaient aux images. Graphiste de formation, chaque millimètre sur la photo compte pour moi !..
Les grandes questions contemporaines telles que la condition de la femme, la liberté d’expression, les minorités, la migration, l’identité et la mémoire collective sont en constante évolution dans la société.
Dans mes reportages, je voyais la « femme » partout : combattante, engagée, cultivée, artiste, athlète, riche, pauvre, noire, musulmane, juive, politique, chrétienne, islamiste, moderniste…
« On ne naît pas femme, on le devient » : je suis fascinée par la pensée Simone de Beauvoir, elle reste une icône qui m’a beaucoup influencée, surtout à propos de la condition et de l’émancipation féminine. Elle est l’une des grandes pionnières du féminisme.
De grandes figures féminines sont ancrées dans l’histoire de la Tunisie. J’ai beaucoup d’admiration pour elles. Elissa, l’intrépide phénicienne, fondatrice de Carthage…
Aussi El Kahina, l’insoumise cheffe et guerrière berbère qui a fédéré les tribus nomades et a pu résister aux armées arabes pendant plus de dix ans avant de finir décapitée.
Personnellement, je n’ai pas vécu la période des reformes du président Habib Bourguiba, ancré dans la culture tunisienne, mais j’ai beaucoup appris de mes deux grand-mères…Elles ont vécu l’époque de l’indépendance avec toutes ses réformes, du droit au travail, de l’éducation, le retrait du Sefsari, l’abolition de la polygamie, l’adoption de la loi sur l’avortement en 1973 avec le premier planning familial. Le 13 août est la date-anniversaire de la promulgation du Code du statut personnel CSP devenu un jour férié déclaré « Journée nationale de la Femme ». La Tunisie est l’un des rares pays musulmans ayant adopté une interprétation considérée comme libérale de la charia sur les questions liées aux femmes et à la famille. Cependant la femme tunisienne doit rester vigilante car rien n’est acquis !
Je fais de la photographie narrative et documentaire. Le portrait occupe une place importante dans mon travail. J’adore travailler sur l’identité sociale, la culture méditerranéenne, la migration, ainsi que la trace et la mémoire.
Je raconte la vie tout simplement. Le temps avec sa splendeur et son rythme.
J’aime beaucoup cette photographie de moi dans le bus, sur le pont, photographiant cette dame de dos en marche. La Tunisie est en constant mouvement et fermentation.
A l’image de la femme en marche, la Tunisie est constamment en mouvement; sans cesse elle change et évolue.»
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