Commentant l’affaire du centre coranique de Regueb (Sidi Bouzid), Rim Thairi, députée Bloc Démocrate, accuse l’Etat et les médias de «vouloir arracher l’islam de la Tunisie» et de «détester le Coran et la religion». Cela s’appelle «takfir» (accusation d’apostasie et, donc, appel au meurtre) et est sanctionné par la loi.
La députée a déclaré hier, mardi 5 février 2019, lors d’une plénière à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), que l’affaire du centre coranique de Regueb, fermé par les autorités, «est montée de toutes pièces par le gouvernement qui, à cet effet, a instrumentalisé des médias détestant le Coran et l’islam».
Ne se rendant pas compte qu’elle commet ainsi un délit de «takfir» (accusation d’apostasie), criminalisé par l’article 6 de la constitution, la députée, emportée par son délire complotiste, ajoute qu’elle ne fait confiance ni à l’Etat, ni au gouvernement, ni aux autorités, ni à tous les intervenants dans cette affaire, dont la protection de l’enfance, la police et la justice… Rim Thairi oublie, au passage, qu’en sa qualité de députée, elle incarne, elle aussi, cet Etat qu’elle dénonce…
«Les médias ont diffusé la version des faits telle que relatés par les autorités. Ils sont instrumentalisés à des buts électoraux. Réputés pour leur corruption, ils veulent arracher l’islam de la Tunisie. Ce sont les mêmes qui appellent à l’instauration de l’égalité successorale, au mépris de notre identité», a-t-elle dit, faisant ainsi de l’inégalité entre l’homme et la femme un élément constitutif de l’identité tunisienne. Ce qui est, soit dit en passant, une stupidité monumentale.
«Lâchez nos enfants ! Lâchez les écoles coraniques, vous ne comprenez rien à ces sujets», a conclu Mme Thairi, dont le temps de parole est terminé et le micro coupé, au grand soulagement du vice-président de l’Assemblée, Abdelfattah Mourou, visiblement gêné aux entournures. Et pour cause… Le vice-président d’Ennahdha, à l’instar des autres dirigeants islamistes, ne sait comment gérer cette affaire qui leur vaut des critiques virulentes de la part d’une majorité de Tunisiens et de Tunisiennes leur reprochant d’avoir, depuis leur accession au gouvernement en 2012, laissé se développer les courants extrémistes, ainsi que les associations caritatives islamiques et les écoles coraniques, autant de relais pour les réseaux terroristes infestant le pays, y compris, justement, cette région de Sidi Bouzid.
Rappelons que les 42 enfants retirés du centre coranique de Regueb et placés dans un centre spécifique à Hammam-Lif, étaient abusés, violentés et torturés par des extrémistes religieux censés leur apprendre le Coran. Au moins deux enfants ont été violés par un instituteur et un autre élève de 30 ans. Le propriétaire dudit centre, Farouk Zribi, a été placé en détention et son affaire confiée au pôle antiterroriste.
Tout cela, bien sûr, c’est du cinéma, aux yeux de Mme Thairi, qui a perdu une bonne occasion de se taire, en espérant faire oublier ses bêtises passées.
Y. N.
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