Neziha Laabidi.
L’employabilité des femmes en Tunisie a été le sujet central de la table ronde organisée par l’Institut Français de Tunisie (IFT) le mardi 5 mars 2019, dans le cadre de la célébration de la Journée internationale des droits des femmes (8 mars).
Par Fawz Ben Ali
L’événement a été marqué par une forte présence féminine parmi le public et parmi les intervenants, pour évoquer un droit en particulier, celui de l’accès à l’emploi, qui a été mis en avant comme un facteur important dans la relance économique et la garantie de l’indépendance de la femme.
L’ambassadeur français Olivier Poivre d’Arvor, présenté comme un grand ami des femmes, a inauguré la rencontre et a souligné que la Journée internationale des droits des femmes s’inscrit dans un combat vivant et d’actualité car toujours pas achevé. «Il faut s’avancer courageusement sur les questions d’égalité», dit-il, surtout que la Tunisie a été désignée «Capitale de la femme arabe», mais que d’autre part, le taux de chômage reste important en Tunisie spécialement du côté des femmes, victimes de préjugés enracinés dans les cultures patriarcales.
La première présidente arabe sera nécessairement Tunisienne
Mais la Tunisie demeure une exception dans le monde arabe, «et si un jour on verra la première présidente arabe, elle sera nécessairement en Tunisie », ajoute l’ambassadeur français.
La ministre de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des séniors Neziha Laabidi, présente à cette rencontre, a estimé que «l’égalité n’est pas divisible (…) au départ on naît égaux mais la culture se charge par la suite de nous donner des couleurs et des objets pour nous différencier, jusqu’à la fin de la vie», rappelant que 68% des diplômés en Tunisie sont des femmes, que les filles sont souvent les premières de la classe, mais que cela ne les empêche pas d’échapper au chômage. Cependant, la ministre a annoncé que de bonnes nouvelles seront dévoilées le 8 mars par le chef du gouvernement, concernant la femme.
Lors de cette rencontre modérée par l’universitaire et journaliste Ahlem Ghayaza, plusieurs femmes entrepreneures ayant lancé des initiatives favorisant l’employabilité des femmes, se sont réunies pour évoquer leurs parcours, les difficultés qu’elles ont dû surmonter et les choix qu’elles ont faits pour créer de l’emploi.
Caroline Brummelhuis, une hollandaise installée en Tunisie depuis une dizaine d’années (directrice de The NextWomen Tunisie) a déploré le manque de financement qui représente un grand obstacle pour les femmes qui souhaitent créer leurs propres projets. «Dans le monde de l’entrepreneuriat, 90% des fonds sont donnés par des hommes, et pour des hommes», précise-t-elle.
Semia Raggad (représentante de Enda Tamweel) a parlé de son institution de micro finance qui a servi plus de 800.000 entrepreneurs depuis 1990. Aujourd’hui l’institution dont plus de la moitié des bénéficiaires sont des femmes accompagne, finance et offre des services digitaux sur l’ensemble du territoire du pays, précisant que l’accès à l’information et au capital sont les premiers obstacles que rencontrent les femmes.
Olivier Poivre d’Arvor.
L’égalité dans l’héritage encourage les femmes à lancer des projets
De son côté Leila Belkhiria Jaber (présidente de la Chambre nationale des femmes chefs d’entreprises) a évoqué l’importance de soutenir les jeunes femmes récemment diplômées, et la nécessité de miser sur l’accès au digital, à la langue anglaise et surtout de s’orienter vers des marchés non encore exploités. Elle également rappelé que l’égalité dans l’héritage est une garantie pour beaucoup de femmes souhaitant lancer des projets.
Vers la fin de la rencontre, la ministre Néziha Laabidi a annoncé que son a décidé d’attribuer des crédits dédiés uniquement aux femmes avec zéro intérêt, invitant ainsi toutes les femmes de tous les âges, avec ou sans diplôme à se présenter auprès des délégations régionales du ministère afin de déposer leurs dossier. «Il s’agit de crédits allant de 10.000 DT à 100.000 DT», précise la ministre.
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