Nessma TV compte sur des partenaires européens et maghrébins de gros calibres, pour assurer sa publicité en Europe, où la chaîne privée cible une communauté de plus de 10 millions de Maghrébins. C’est sur cet empire audio-visuel que son patron Nabil Karoui, candidat à la candidature à la prochaine présidentielle, s’appuie pour partir à l’assaut du Palais de Carthage.
Par Amina Mkada
Nessma TV est disponible par satellite, y compris en Europe méditerranéenne, où la communauté issue des pays du Maghreb compte plus de 10 millions de personnes.
Publieurope, la société européenne de publicité du groupe Mediaset contrôlé par le groupe Fininvest, propiété de Silvio Berlusconi, se charge exclusivement des ventes publicitaires de Nessma TV en Europe.
À la suite de cet accord, l’actionnariat de Nessma TV s’établit comme suit: 50% de Karoui & Karoui World, 25% le groupe Mediaset, et 25% Prima TV, une chaîne de télévision roumaine.
Les partenaires de gros calibre de Nessma TV
La société du groupe Mediaset est responsable de la gestion de la stratégie du groupe sur le marché publicitaire européen.
Sa mission consiste à augmenter les revenus du groupe en vendant des annonces à des investisseurs internationaux, au moyen de la publicité, en assurant une liaison permanente avec le siège de sociétés multinationales et en achetant de nouvelles licences et de nouveaux produits dans d’autres pays.
Ces activités sont menées à partir de bureaux situés à Londres, Munich et Paris, en coopération avec des partenaires situés à Milan (Publitalia’80) et à Madrid (Publiespaña).
Quant à Publieurope, son portefeuille s’est étendu et s’est diversifié au fil des ans, assurant une offre commerciale cross-média, composée de toutes les chaînes de télévision italiennes, des chaînes généralistes, thématiques, gratuites et payantes du groupe Mediaset; les réseaux de télévision, les sites internet et la télévision en plein air de Mediaset España; les magazines, les sites internet et les chaînes de radio de Mediamond; des chaînes de télévision traditionnelles et thématiques, ainsi que des sites web du groupe allemand ProSiebenSatI.
Le portefeuille de Publieurope inclut aussi le principal réseau multicanal en Europe, Studio 71, contrôlé par le groupe allemand ProSiebenSat.1 Media, qui opère sur les principales plates-formes de distribution vidéo gratuite; le groupe de chaînes de télévision commerciales SBS diffusant en Flandre (Belgique); les chaînes de télévision, les sites web et les stations de radio de Talpa TV aux Pays-Bas; tous les réseaux de télévision et les sites Web de la chaîne britannique Channel 4; les chaînes de télévision, les sites Web et les stations de radio du groupe français TF1; les espaces publicitaires situés dans des immeubles de luxe à Londres et dans les principales villes italiennes; les différents médias exploités par Rotana Media Services, un groupe de médias opérant au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
Étant donné que Publieurope agit en tant que régie publicitaire, sa contribution aux résultats du Groupe doit être prise en compte, en termes des commissions générées, qui s’élèvent à 292 millions euros, dont 218 millions pour les médias du Groupe.
Quant à Prima TV, elle est la propriété de Prima Broadcasting Group qui l’exploite, depuis le début de 2014. Prima TV atteint 87% de la population urbaine, et est l’une des 4 chaînes de télévision les plus performantes de Roumanie.
Un homme dangereux à l’assaut du palais de Carthage
C’est à cet empire audio-visuel et de publicité que Nessma TV des frères Nabil et Ghazi Karoui, et qui compte dans son actionnariat l’Italien Silvio Berlusconi et le Franco-tunisien Tarak Ben Ammar, est adossée. Il n’y a rien à redire à cela, c’est du business, sauf que ce M. Karoui, très fort en mélange des genres et peu respectueux des lois et des règles déontologiques, brigue la magistrature suprême en Tunisie.
Cet homme, dont le groupe de sociétés en Tunisie doit beaucoup d’argent au fisc (plus de 15 millions de dinars tunisiens à fin 2015) et qui est poursuivi en justice dans des affaires de sociétés écrans à l’étranger et de blanchiment d’argent, croit pouvoir devenir président de la république et avoir, sous son autorité, la diplomatie, la sécurité et l’armée.
Quand on connaît les pratiques peu orthodoxes de Nabil Karoui (publicité politique, désinformation, diffamation…) et ses accointances avec des cercles de pouvoir en Algérie (militaire et autre) et des groupes islamistes armés en Libye, et notamment leur chef Abdelhakim Belhaj, ainsi que des soutiens tapageurs dont il bénéficie de la part de richards tunisiens au passé et au présent troubles, dont les intermédiaires Youssef Zarrouk (qui s’est fait un nom notamment dans la vente d’armes en Afrique) et Elyes Ben Chedly, on peut concevoir quelque inquiétude (et le mot est faible) sur l’avenir de la Tunisie et de ses relations internationales.
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