L’auteur, consul honoraire de la Tunisie, est expert en affaires africaines. Dans cette réflexion publiée par ‘‘The Arab Weekly’’, il vient rappeler que la relance de l’économie tunisienne continuera de dépendre de la création d’emplois et d’un intérêt particulier pour le développement dans les régions.
Par Frank Kryza*
Une question cruciale qui préoccupe les dirigeants tunisiens et nombre de citoyens de la Tunisie a trait à la récession économique que traverse le pays et à ce qu’il en coûtera pour tourner cette page.
Le niveau d’instruction du Tunisien élevé
Nous nous devons d’entamer cette réflexion en reconnaissant l’étendue de cette chance que la Tunisie a de disposer d’une configuration sociale, politique et économique fondamentale telle que la sienne. Le PIB tunisien atteint les 45 milliards de dollars [soit 133,2 milliards de dinars tunisiens (MdDT), ndlr], mesuré en fonction de la parité des pouvoirs d’achat –ce qui représente un niveau qui est nettement supérieur sur une base unitaire, c’est-à-dire par personne, à celui de tous ses voisins.
L’économie tunisienne mise à rude épreuve
Le PIB tunisien occupe le 14e rang en Afrique, un continent où la Tunisie rivalise avec des mastodontes économiques – l’Egypte et le Nigéria, par exemple – dont le classement est meilleur que celui de la Tunisie, non pas parce leurs citoyens sont plus doués ou qu’ils se donnent plus à la tâche, mais principalement en raison du fait de leur disparité géographique énorme avec la Tunisie. La Tunisie est un des pays où le niveau d’instruction par personne est parmi les plus élevés et, économiquement, elle est parmi les pays les plus productifs, sauf que la population tunisienne ne compte que 11,5 millions habitants.
Ces derniers temps, l’économie tunisienne a été mise à rude épreuve. Néanmoins, la première étude menée par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) sur l’état de l’économie tunisienne a mis en exergue les améliorations significatives que le pays a pu mettre en œuvre depuis l’avènement de la démocratie. Cette étude de l’OCDE montre également que d’importantes questions –comme la faible capacité de créer des emplois, le taux de chômage élevé et les finances publiques non viables– attendent encore d’être résolues.
Alors, que faudra-t-il faire ? Pour l’année 2019, les prévisions officielles tablent sur une croissance de 3,5%, un taux qui fait tant envie chez la plupart des voisins de la Tunisie. Certes, les bonnes récoltes des dernières années ont été un don de la nature, mais elles sont également le fruit de politiques et de décisions agricoles remarquablement judicieuses.
La facilité d’adaptation des Tunisiens au contexte mondial…
Bien évidemment, aux yeux du jeune Tunisien toujours à la recherche d’un emploi, tout cela ne veut pas dire grand-chose.
Dans les mois à venir, toute l’attention devra se porter sur un effort accru de l’expansion du développement par le moyen de l’investissement des entreprises, notamment celui des investisseurs étrangers qui devront être plus attirés vers la Tunisie, tout simplement, par le niveau élevé d’instruction de la jeunesse tunisienne.
Les Tunisiens, lorsque la chance leur est offerte de travailler, sont mondialement reconnus comme étant parmi les meilleurs employés. Les investisseurs britanniques, américains et allemands ont été agréablement par la rapidité avec laquelle les jeunes Tunisiens, qui sont très souvent trilingues, réussissent facilement leur intégration dans un bureau londonien, new-yorkais ou berlinois.
De son côté, le gouvernement devra attirer beaucoup plus ce type d’investisseurs étrangers en donnant un coup d’accélérateur à la mise en œuvre des programmes de réformes structurelles qui s’imposent, notamment en matière de réglementations et d’encadrements de l’investissement, de système fiscal, de contrôle de la dette publique et de réduction des dépenses publiques coûteuses. Il y a également ce facteur non-négligeable du ratio de l’impôt en rapport avec le PIB en Tunisie qu’il faudra prendre en considération, car il reste très élevé…
Il y a aussi lieu d’accorder un plus grand intérêt aux avantages régionaux offerts aux investisseurs –bien plus que les avantages qu’en tirera le pays à l’échelle nationale. La création d’emplois ne sera durable qu’avec une bonne fiscalité et une meilleure efficacité logistique qui facilitera le commerce extérieur. Pareil contexte assaini attirera sans nul doute de plus en plus les investissements externes souhaitables.
Les approches politiques visant à promouvoir l’emploi de la femme tunisienne auront elles aussi un effet d’attractivité certain.
La création d’emplois et la focalisation régionale continueront d’être les meilleures incitations pour générer une croissance régionale plus pérenne et plus vigoureuse et, par conséquent, assureront la réussite au niveau national, une fois tous ces résultats sont agrégés.
Bien qu’étant un petit pays, la Tunisie est une nation dotée d’une remarquable diversité régionale – les régions rurales par opposition aux zones urbaines, la côte vs l’intérieur… Faites votre choix !
Rendons possible la mise en œuvre des réformes nécessaires, et le chômage baissera rapidement ! Et c’est ce qui fera de la Tunisie le pays nord-africain le plus puissant.
Analyse traduite de l’anglais par Marwan Chahla
*Frank Kryza, écrivain américain actuellement vivant à Dallas, Texas, aux Etat-Unis, est consul honoraire de la Tunisie. Il a vécu et beaucoup voyagé en Afrique pendant onze ans. Il est l’auteur de deux romans: ‘‘The Race for Timbuktu’’ (2003) et ‘‘The Power of Light’’ (2006).
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