Les registres des électeurs ont-ils été réellement mis à jour ? N’y a-t-il plus de risque que des citoyens décédés depuis longtemps puissent continuer à «voter» post mortem ? On n’en est pas encore très sûr…
Par Amor Abbassi *
Anis Jarboui, membre de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), a déclaré sur la chaîne Al Hiwar Ettounsi, lundi 19 août 2019, que la numérotation des cartes d’identités nationales tunisiennes pourrait atteindre le chiffre de 99.999.999 dans un très lointain futur grâce aux 8 chiffres qui la composent. Mais, peut-on estimer la numérotation maximale atteinte aujourd’hui ?
Veiller à ce que les morts ne «votent» plus
Sachant que la carte d’identité portant le n° 1 a été attribuée au président Habib Bourguiba, en1956, et qu’à l’époque, la population tunisienne était de 4 millions d’habitants, cette numérotation aurait atteint, aujourd’hui, environ 13.900.000, en appliquant un taux de croissance annuel de 2% et en comptant les citoyens décédés depuis 1956.
Il est évident que le numéro le plus élevé d’une carte d’identité tunisienne doit être, aujourd’hui, très inférieur à 13.900.000, puisque l’on doit déduire de ce chiffre tous les jeunes âgés de moins de 18 ans et tous les citoyens majeurs qui ne possèdent pas encore de carte d’identité et dont le nombre serait de 300.000.
En outre, nous devons signaler que plusieurs citoyens ont pu vérifier que des parents décédés depuis plusieurs années sont encore inscrits sur les registres des électeurs.
Cela signifie-t-il que le nombre de citoyens inscrits sur les registres des électeurs, qui est d’après l’Isie de 7.066 000, comprendrait encore les citoyens décédés depuis 1956 jusqu’à ce jour ?
Pour couper court à toute accusation de falsification
Cette éventualité est d’autant plus inquiétante qu’elle risque d’entacher le processus électoral. C’est pourquoi, nous demandons à l’Isie, au nom de tous les électeurs, de procéder à une mise à jour rigoureuse de toutes les listes électorales, en éliminant les électeurs décédés mais encore inscrits sur les listes, pour couper court à toute accusation (ou soupçon) de falsification des élections.
Car, sans une mise à jour sérieuse des listes électorales, il nous est permis de douter, non pas du sérieux et de la sincérité de l’Isie en tant que telle, mais de l’efficience de son système, ce qui laisserait libre cours aux supputations et entacherait les résultats des prochaines élections.
* Ingénieur général du génie maritime.
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