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Rencontre à Tunis avec l’écrivain franco-congolais Alain Mabanckou

L’écrivain Alain Mabanckou était à Tunis les 11 et 12 septembre 2019, invité par l’Institut français de Tunisie (IFT) pour deux rencontres avec le public, autour de son dernier livre (‘Les cigognes sont immortelles’’, mais aussi pour parler de francophonie, d’engagement littéraire et des politiques dans le continent africain.

Par Fawz Ben Ali

La conférence-débat d’Alain Mabanckou, événement de la rentrée littéraire à l’IFT, a été inaugurée par l’ambassadeur français Olivier Poivre d’Arvor et modéré par le journaliste Hatem Bourial.

Ecrivain, poète et romancier, Alain Mabanckou est l’un des écrivains les plus lus aujourd’hui en France et dans la sphère francophone, comptant dans son palmarès une quinzaine de prix littéraires.

Porte-voix de la jeunesse africaine

Dans son allocution au début de la rencontre, l’ambassadeur français a évoqué le prochain Sommet de la Francophonie que la Tunisie accueillera en 2020, soulignant que la langue française appartient largement à l’Afrique, grâce notamment aux écrivains et artistes africains francophones. «C’est aussi une belle manière de dire à nos amis tunisiens que cette langue est la leur. Elle n’est en rien une allégeance, c’est au contraire une forme de liberté», explique-il.

Ainsi a démarré la rencontre avec l’écrivain d’origine congolaise et d’expression française Alain Mabanckou dont le dernier roman ‘‘Les cigognes sont immortelles’’ qu’il était venu présenter à Tunis, avait été très fortement salué par la presse et la critique française. Un livre qui raconte l’histoire du Congo à travers l’histoire d’une famille dans les yeux d’un adolescent, Michel, personnage prototype qu’il a auparavant utilisé dans d’autres romans, et qui n’est autre que l’écrivain lui-même.

Olivier Poivre d’Arvor ouvre le débat.

Sur fond de coup d’Etat de 1977 à la République du Congo, Alain Mabanckou a souhaité, comme il le fait souvent, traiter les maux du continent africain de manière romanesque, sans manquer d’humour, et pointer surtout du doigt les dirigeants politiques. «On nous a fait croire que le président était dieu et que le peuple n’avait pas de parole, (…) Assujettir la jeunesse c’est décapiter le pays», explique Mabanckou qui s’identifie toujours à la jeunesse africaine, dont il aime être le porte-voix.

Une vision plurielle et humaniste de la francophonie

Interrogé sur sa vision de la francophonie, Alain Mabanckou a évoqué l’idée initiale de la francophonie qui fut liée au besoin impérialiste, et qui a heureusement évolué avec le temps pour devenir une idée commune et un moyen de partage et d’humanisme.

Alain Mabanckou défend «une francophonie qui vient du peuple et non une francophonie institutionnelle qui réunit des dirigeants politiques dictateurs et d’autres indulgents à l’égard de la répression commise dans de nombreux pays africains et francophones», faisant ainsi allusion à son refus de participer au projet du président français Emmanuel Macron de réflexion sur la langue française et la francophonie. «Ce que je revendique dans ma langue française c’est l’accent congolais. Lorsque j’écris, même mes silences ont des accents», dit-il pour expliquer sa vision plurielle de la langue française.

La Tunisie lui a porté bonheur…

La rencontre était aussi l’occasion de remémorer les anecdotes et les moments marquant de sa carrière qui est montée en flèche depuis la sortie de son livre ‘‘Verre cassé’’ en 2005 (adapté à maintes reprises au théâtre). Une carrière qui avait justement connu un tournant alors qu’il était en visite en Tunisie au début des années 2000.

Hatem Bourial modère la rencontre avec l’écrivain franco-congolais.

Alain Mabanckou nous a révélé que lorsqu’il participait au Congrès international d’études francophones, qui se tenait à ce moment-là à Sousse, et où s’était réunie une centaine de professeurs de français venus du monde entier, il a reçu une invitation de la part de l’Université du Michigan pour donner des cours sur la littérature africaine et pour une résidence d’écriture. Le jeune écrivain qu’il était à l’époque a dû tout plaquer, famille et travail, pour s’installer aux Etats-Unis, un choix qui lui a permis de se placer aujourd’hui comme l’un des écrivains francophones les plus lus et les plus traduits dans le monde.

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