Kaïs Saïed a été élu hier, dimanche 13 octobre 2019, en grande partie pour son engagement à libérer la Tunisie de l’emprise de la corruption, du clientélisme et de la contrebande. Nous lui souhaitons beaucoup de succès dans ce combat, lancé il y a 2 ans et demi par Youssef Chahed, mais qui a été mis en échec par l’establishment en place.
Par Dr Mohamed Sahbi Basly *
Dans un combat politique, choisir la lutte contre la corruption comme une motivation politique pour accéder au pouvoir est un exercice difficile et souvent voué à l’échec.
Sous d’autres cieux et en d’autres temps, cela équivaut à une déclaration de mort pour celui qui en prend l’initiative, les exemples sont nombreux aux quatre coins du monde pour vous en épargner l’énumération.
C’est le créneau qu’un jeune chef de gouvernement a choisi, depuis mai 2017, pour son combat politique. Certes Il n’y a pas tout à fait réussi, les résistances étant alors très fortes au plus haut lieu de l’Etat, mais c’est un défi majeur en politique dans la Tunisie post révolutionnaire, où les moins compétents et les affairistes véreux ont pris d’assaut les institutions de la république et de l’Etat.
Un combat toujours recommencé
En homme averti, Youssef Chahed savait pertinemment qu’il allait perdre beaucoup de ses appuis et acquis. Il me l’a dit le premier jour où je l’avais rencontré en tête à tête, il y a de cela six mois : «Je ne laisserai pas la Tunisie entre les mains de les réseaux de la mafia et de la contrebande».
En ce mois d’octobre 2019, le peuple a donné raison à cette vision et à ce combat, pour répondre à ce fameux slogan lancé un certain 14 janvier 2011 : «La lil fassad, hourya, karama watania» (Non à la corruption, liberté et dignité nationale).
Aujourd’hui, la vraie révolution est en marche, sa seule idéologie, c’est la Tunisie, notre patrie, une nation qui se veut propre, solidaire, travailleuse et souveraine. Une nation qui donne ses chances à tout citoyen souhaitant contribuer à cette œuvre de salut public. Enfin, une nation qui a choisi de ne pas obéir à des idéologies politiques de droite ou de gauche, pour revendiquer une autre forme de combat, conforme aux spécificités de la société tunisienne et de son identité, mais porteurs des vraies urgences et des vrais besoins de cette société.
Un engagement sans faille à servir la Tunisie
Par le vote d’hier, dimanche 13 octobre 2019, au second tour de la présidentielle, le peuple a donné raison au combat de Youssef Chahed en sanctionnant un candidat qui incarne la manipulation médiatique, le profit matériel et la corruption, et en donnant une majorité écrasante (plus de 70%) à Kaïs Saïed voire un véritable plébiscite qui fait pâlir tous les acteurs politiques, qu’ils soient de droite ou de gauche, à l’intérieur comme à l’extérieur, parce que les jeunes et moins jeunes se sont identifiées à cette personnalité indépendante, intègre, rigoureuse, cultivée et qui, de surcroît, a pu faire revivre la flamme de la révolution de 2011 que beaucoup pensaient déjà éteinte, confisquée par ceux qui se sont succédé au pouvoir depuis janvier 2011.
Aujourd’hui, je suis fier de mon peuple, qui a choisi en toute liberté et en son âme et conscience. Je n’ai jamais rencontré Kaïs Saïed, mais en tant que diplomate, je l’ai croisé dans les bureaux du ministère des Affaires étrangères une ou deux fois, mais comme tous les Tunisiens, j’ai suivi ses interventions avec beaucoup d’intérêt et y ai pu déceler une sincérité et un engagement sans faille à servir la Tunisie, les Tunisiennes et les Tunisiens en toute indépendance.
Les vrais patriotes ne peuvent que se féliciter du résultat de ces élections. Une nouvelle page est en train d’être écrite. L’image de la Tunisie à l’étranger s’est une nouvelle fois distinguée.
La belle de Carthage ne cesse d’étonner le monde.
* Ambassadeur.
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