Nous publions ci-dessus le manifeste des associations ayant appelé à une marche nationale contre les violences à l’encontre des femmes à Tunis, le samedi 30 novembre 2019. Le départ à 13h00 à Bab Bhar de l’avenue de France en direction de l’avenue Habib Bourguiba *.
Il y a Maha, par les pluies entraîné
Il y a Dada, sous le camion écrasée,
Et à Lella, la fiancée assassinée,
En Allemagne, cognée et fauchée l’expatriée,
À Kairouan, après avoir animé leur fête, cette fille violée,
La femme de soixante dix ans par un juge poussée,
Il y a la non voyante, après avoir dénoncé son harcèlement, est par son directeur réprimandée,
Il y a au parlement les femmes députées sans cesse invectivées,
Sur les pages des réseaux sociaux, les féministes encore et encore diffamées,
Les femmes journalistes en pleine réussite se font rabrouer,
Les aides domestiques tunisiennes et subsahariennes se font saigner,
Enfants et étudiantes dans les halls et les escaliers sont harcelées,
Harcelées aussi, les ouvrières dans les entreprises, usines, et sociétés,
Les ouvrières agricoles exploitées et sous payées,
Et dans les montagnes les plus lointaines, des femmes prises aux pièges minés sont tuées,
Nos filles, corps et âmes, au djihad et aux daechiens livrées,
Entraînées, écrasées, assassinées, cognées, violées, violentées, réprimandées, diffamées, exploitées, saignées, invectivées, agressées, épuisées.
Jusqu’à quand et jusqu’où les femmes porteront-elles le fardeau du patriarcat dans un silence assourdissant, leur oppression et les violences qu’elles subissent ne comptent-elles pas comme maux de la patrie?
C’est la violence à l’égard des femmes dans tous les espaces, les ciblant à tout âge où qu’elles soient, les accompagnant de la naissance à la mort.
C’est la violence dans ses aspects les plus abjects et les plus sauvages, portant atteinte à la vie des femmes et à leur dignité, violant leur corps et leur liberté dans notre pays qui a pourtant promulgué une loi intégrale visant l’élimination des violences.
La violence est une malédiction, justifiée dans le contexte politique actuel, normalisée par un silence social complice, banalisée par les médias, souvent ignorée par le pouvoir judiciaire, alimentée par les réseaux sociaux, est ainsi renforcée par l’impunité des agresseurs.
C’est la violence physique, sexuelle, morale, économique, et politique.
Les témoignages se multiplient, les actes de violences sont flagrants et se succèdent tel qu’en témoigne aussi la campagne #AnaZeda,
Que fait-il l’Etat face à ces douleurs et souffrances des femmes?
Refusant la violence et en solidarité avec ses victimes et pour que les autorités prennent toutes leurs responsabilités en matière de protection des femmes et des enfants et dans le cadre de la campagne internationale des 16 jours d’activisme pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes (du 25 Novembre au 10 Décembre), les forces civiles, sociales, politiques, et culturelles signataires de ce texte, appellent à une marche nationale contre les violences à Tunis, le samedi 30 novembre 2019. Le départ à 13h00 à Bab Bhar de l’avenue de France en direction de l’avenue Habib Bourguiba *.
Nous appelons donc toutes les organisations nationales, associations, mouvements de jeunes, et personnalités nationales à se mobiliser pour le succès de ce mouvement contre les violences;
Toutes les forces et partis politiques qui croient en une égalité pleine et effective et qui refusent l’extension de la vague de violence dans notre pays, en particulier les violences à l’encontre des femmes, à se joindre à ce mouvement inclusif et à le soutenir.
Nous appelons l’ensemble des citoyennes et citoyens à exprimer leur rejet des violences et leur solidarité avec ses victimes et affronter ce fléau dans toutes ses formes.
Vive la Tunisie des libertés et de l’égalité
Sans violence, sans discrimination et sans violations
Les signataires :
- Association Tunisienne des Femmes Démocrates
- Organisation Tunisienne Contre la Torture
- Ligue des Electrices Tunisiennes
- Association Tunisiennes des Femmes pour la Recherche sur le Développement
- Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l’Homme
- Association Beity
- Réseau EuroMed Droits
- Fédération Internationale des Droits de l’Homme
- Syndicat National des Journalistes Tunisiens
- Avocats Sans Frontières
- Groupe Tawhida Ben Cheikh
- Association Tunisienne pour les Droits et Libertés
- Association Intersection pour les Droits et Libertés
- Association Tunisiennes pour la Prévention Positive
- ATL MST Sida Tunis
- ATSR
- Coalition pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie
- Initiative Mawjoudin pour l’Egalité
- Coalition Tunisienne pour l’Abolition de la Peine de Mort
- Ligue des Ecrivains Libres
- Association Vision Libre
- Forum Tunisien des Droits Economiques et Sociaux
- Association Victoire pour la Femme Rurale
- Association Femme et Citoyenneté El Kef
- Association Horra
- Association Tunisienne pour la Défense des Valeurs Universitaires
- Union des Femmes Tunisiennes
- Association Vigilance
- Association Tunisienne des Droits et Libertés
- Association Nachaz
- Institut Arabe des Droits de l’Homme
- Association Khair aliss
- Association Mousawat
- Association Majida Boulila pour la Modernité
- Association Artaki
- Association Wachma
- Association Mouwatinet
- Association Damj pour la Justice et l’Egalité
- Association Tunisienne pour la Protection des Droits de l’Enfant
- Oxfam Bureau Tunis
- Union Nationale de la Femme Tunisienne
- Union des Diplômés Chômeurs
- Association Irtikaa
- Association des jeunes avocats tunisien
- L’union tunisien des médias associatives
- Association chouf
- Amnesty international
- Associations des sages-femmes
- Syndicat tunisien des agriculteurs
- Association Tounes Bensaha
- Association voix de l’enfant
- We love Kairouan
- Association de défense de droit à la différence
* Des marches ont déjà eu lieu suivant le calendrier ci-dessous :
– le 25 novembre 2019 à Sfax à 16h30 à l’avenue Habib Bourguiba devant la municipalité de Sfax ;
– le 26 novembre 2019 à 12h:00 à Sousse devant la délégation de Sousse ;
– le 27 novembre 2019 à 13h :00 à Kairouan devant le local régional de l’UGTT.
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