La députée Ennahdha, Jamila Ksiksi, a déclaré aujourd’hui, mercredi 4 décembre 2019, que la carte portant son nom d’adhésion au Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), ancien parti au pouvoir sous le règne de Ben Ali, qui est diffusée par le Parti destourien libre (PDL), est fabriquée.
Jamila Ksiksi a organisé cet après-midi un point de presse à l’Assemblée pour revenir sur son altercation, hier, avec les députés PDL et les proportions que cela a pris, aujourd’hui, après les attaques racistes dont elle a été victime par des membres du parti d’Abir Moussi, et notamment de la part du dirigeant Salah Néji.
La député a indiqué avoir qualifié ses collègues du PDL de «clochards et de bandits», parce qu’ils entravent les séances parlementaires : «De plus, ils ne se gênent pas de nous qualifier de daechiens (en référence à l’organisation terroriste de l’Etat islamique Daech, Ndlr), oubliant qu’il s’agit d’une accusation grave, qui s’apparente à l’appel à la haine et à la violence», a-t-elle déploré, tout en affirmant qu’elle ne compte pas présenter d’excuses, comme cela a été exigé par le PDL.
«Si Abir Moussi présente des excuses, j’en ferai autant, autrement, il n’y a aucune raison pour que je le fasse», a-t-elle insisté.
Revenant sur les attaques racistes dont elle a fait l’objet, Jamila Ksiksi a assuré qu’elle compte saisir la justice à son tour, après la plainte déposée par son parti.
D’autre part, la députée Ennahdha a précisé que l’on tente de la souiller en faisant accréditer qu’elle était membre encarté du RCD, l’ancien parti de Mme Moussi.
«Cela m’aurait presque fait rire, si ce n’est la gravité de la situation. J’étais membres de l’UGTT et lorsque je travaillais à la CNSS, j’avais fait grève avec 5 autres personnes pour m’opposer à la somme de 1500 millimes que l’on retirait sur les salaires des fonctionnaires au profit du RCD, non pas pour la valeur de la somme mais pour le symbole, d’autant que je m’opposais au pouvoir», a-t-elle expliqué.
Notons qu’Abir Moussi, qui a interrompu, aujourd’hui, la réunion de la commission des finances, en demandant à s’y exprimer sur l’altercation de la veille avec sa collègue, a également montré cette fameuse carte d’adhésion au RCD qu’elle attribue à Jamila Ksiksi. : «Elle attaque les membres de l’ancien régime alors qu’elle en faisait partie», a accusé Mme Moussi.
Samir Dilou (Ennahdha), habituellement calme, est sorti de ses gonds et a appelé le président de la commission à appliquer la loi et à faire sortir Abir Moussi et «ses députés» de la salle.
Il a également montré les photos à caractère raciste publiées par les membres et partisans du PDL et a fermement dénoncé ce dépassement, en réaffirmant que son parti va porter l’affaire en justice.
Rappelons que les députés du PDL ont aussi porté plainte contre Ennahdha après avoir été qualifiés de «clochards et de bandits».
Le parlement vient à peine d’entamer la nouvelle législature, et on assiste déjà à des scènes vraiment honteuses, indignes de représentants du peuple… et dire qu’on en aura encore pour 5 longues années ! Si, d’ici là, le président de la république ne va pas se résigner, la mort dans l’âme, à dissoudre le parlement et à appeler à de nouvelles élections.
Y. N.
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