La Tunisie, pays arabe pionnier, depuis de longue date, dans les domaines de la promotion des droits de la femme et de l’égalité des sexes, vient d’introduire l’éducation sexuelle dans ses écoles. Cette nouvelle initiative a pour objectif de prévenir le harcèlement sexuel. Cependant, selon Sarah Yerkes, «débattre du harcèlement et de la violence sexuels en Tunisie demeure encore un sujet tabou.»
Par Marwan Chahla
Dans son analyse, publiée hier, 4 décembre 2019, par le média électronique panarabe ‘‘The New Arab’’, Sarah Yerkes, experte américaine spécialisée dans les affaires tunisiennes, nord-africaines et moyen-orientales, replace cette nouvelle initiative tunisienne de promotion des droits des femmes dans un contexte tunisien avant-gardiste –depuis plusieurs décennies, voire plus– en matière de lutte contre les injustices et les discriminations subies par les femmes.
Le long parcours du féminisme en Tunisie
L’auteure a rappelé le long parcours du féminisme en Tunisie et le riche palmarès de ses conquêtes, pour mettre en exergue, à titre d’exemple, les victoires enregistrées par Habib Bourguiba et le Code du statut personnel, en 1956, qui, entre autres choses, a mis fin à la polygamie, accordé à la femme le droit de demander le divorce… Puis ce sera, tout naturellement, le droit de vote…
Suivront, ensuite, l’accès des femmes au contrôle des naissances (1962) et à l’avortement (1965) — «huit ans avant même que la Cour suprême des Etats-Unis n’accorde ce droit aux Américaines», se plait à souligner Sarah Yerkes…
Et c’est sur cette base solide, explique l’experte, que la nouvelle vague de l’activisme féministe tunisien entend pousser plus loin le renforcement de l’égalité femme-homme et la conquête de nouvelles libertés pour les femmes. Cette nouvelle offensive, ou prolongement de ce qui a déjà été construit, est menée par un collectif comme #EnaZeda (l’équivalent tunisien des #MeToo américain et #BalanceTonPorc français).
La défaite du conservatisme n’est pas pour demain la veille
Cela dit, l’experte américaine ne se fait pas d’illusion quant à la défaite du conservatisme en Tunisie et son éradication définitive. Pourtant, selon elle, les choses continuent d’évoluer dans la bonne direction: «même si évoquer cette question de harcèlement sexuel demeure une tâche ardue… le fait que l’on introduise des cours d’instruction sexuelle dans les écoles tunisiennes constitue un bon début, car cela aura, dans un premier temps,le mérite d’éveiller les consciences de tous les Tunisiens quant la gravité de cette question. Une fois le silence est rompu, la suite suivra…», conclut positivement Sarah Yerkes.
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