Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a déploré «la politique de black-out médiatique adoptée par la présidence de la République depuis l’arrivée du président Kais Saïed». Une critique qui vient donner suite au traitement qui a été réservé aux médias venus couvrir la visite du président turc Erdoğan, hier, 25 décembre 2019, au palais présidentiel de Carthage.
Le syndicat a particulièrement dénoncé, via un communiqué rendu public hier soir, ce qu’il a appelé «discrimination entre les médias», ainsi que «l’absence de transparence et d’instantanéité dans l’annonce des activités de la présidence de la République».
La structure syndicale regrette également «l’absence d’une organisation rigoureuse de la couverture médiatique, basée sur l’égalité entre tous les organes de presse, et d’une politique de communication claire respectant le droit d’accès de tous les médias à l’information.»
«Le précédent dangereux de confiscation des cartes d’accréditation de l’équipe de travail de la chaîne de télévision étrangère Al Arabia», a également suscité l’indignation de la SNJT, estimant que cela présage «le retour aux restrictions à la liberté de presse, et l’atteinte au principe de pluralité médiatique».
Dans le même ordre d’idées, la SNJT a assuré que les représentants des médias étrangers ont été interdits de couvrir, dans le palais présidentiel de Carthage, la conférence de presse qui a suivi la rencontre entre les présidents tunisien et turc, Kaïs Saïed et Recep Tayyip Erdoğan, «sous prétexte qu’il existe une liste spécifique de journalistes autorisés à entrer pour couvrir le point médiatique diffusé directement sur la chaîne Watania 1».
Or, il est bien beau de fixer au préalable une liste autorisée à couvrir un tel événement, ne serait-ce que pour des raisons de sécurité, mais encore faut-il donner aux journalistes la possibilité de s’inscrire à cette liste, notamment en annonçant la visite suffisamment tôt.
D’ailleurs, le syndicat a indiqué que Rachida Ennaifer, conseillère en information et communication du président de la République, avait justement expliqué ces interdictions par le fait que la visite n’avait pas été annoncée, que la première liste qui avait rejoint le palais présidentiel a été reçue et qu’il n’était pas possible d’accueillir tous les journalistes présents à Carthage, en raison des mesures de sécurité préalables.
Une justification qui n’a toutefois pas convaincu le syndicat national.
Notons que les chaînes Al Jazeera, Al Horra, Al Arabiya, Al Mayadeen, ainsi que les agences de presse allemande, américaine et Reuters n’ont pas été autorisées d’accéder au palais pour couvrir le point de presse de Saïed et Erdoğan.
C. B. Y.
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