Arrêté hier, jeudi 26 décembre 2019, à Bizerte, pour une affaire de chèques sans provision, Abdessalem Saidani, président du Club athlétique bizertin (CAB), a comparu aujourd’hui, vendredi 27 décembre, devant le juge tribunal de première instance de Bizerte, et a été condamné à 15 jours de prison ferme pour… outrage à magistrat.
Affirmant n’avoir pas reçu la convocation du tribunal et admettant avoir émis des chèques sans provisions, Saidani a comparu pour un total de 10 affaires de chèques sans solde, après que son avocat eut introduit une opposition sur des éventuelles peines de prison ferme.
Quant à son affaire de chèques, il a finalement bénéficié d’un non-lieu, compte tenu du fait que toutes les sommes des 10 chèques ont été réglées.
Opposition acceptée sur la forme mais pas sur le fond même si la défense a présenté des notifications indiquant le recouvrement des chèques en question.
Le tribunal a accepté le report de 9 affaires au 21 février 2020 à la demande de la défense.
Le juge a par ailleurs surpris le prévenu en évoquant un nouveau dossier dont la défense n’était pas au courant. Il s’agit de la plainte déposée par l’Etoile sportive de Metlaoui contre le président du CAB pour diffamation et menaces graves sur personnes. Sortant de ses gonds, Saidani a vivement protesté contre le tribunal. Il a indiqué que son maintien en état d’arrestation compliquera la situation et il ne pourra pas régler le reste des chèques.
Considérant cette réaction intempestive comme une atteinte au tribunal puisque le prévenu est intervenu sans son autorisation, le juge lui a infligé une peine de 15 jours de prison sans appel. Autrement dit, les affaires des chèques seront jugées le 21 février prochain.
Selon Me Houssem Eddin Khalifa, membre du comité de défense de M. Saidani, ce jugement pour outrage à magistrat est sévère voire injuste : «Dictature du pouvoir judiciaire. La peine prononcée est définitive, sans permettre au prévenu de se défendre et d’écarter les charges retenues contre lui», a-t-il commenté.
«Pour ce jugement, nous ne pouvons même pas faire appel et le juge ne nous a pas donné la possibilité de le défendre, en tant qu’avocats. Abdessalem Saïdani, lui-même n’a eu ni la possibilité ni le temps de s’exprimer pour se défendre», a-t-il encore déploré, dans une déclaration à Kapitalis.
Rappelons que M. Saidani, qui faisait l’objet d’un mandat de dépôt pour chèques sans provision, a été arrêté hier, alors qu’il participait à un rassemblement devant le tribunal, demandant la libération de supporteurs du CAB, qui avaient été arrêtés la veille pour grabuges et fermeture de routes, alors qu’ils manifestaient contre la fermeture du stade 15-Octobre.
On rappellera aussi que le président du CAB, avait fait l’objet, en septembre dernier, d’une plainte déposée par le syndicat de base de la garde nationale de Bizerte, qui l’accuse d’avoir agressé un officier de la GN au stade d’El-Alia, lors du match opposant le CAB à l’Avenir sportif de Soliman.
Impulsif et coléreux, M. Saïdani a souvent eu des démêlées dans les stades, notamment avec les arbitres et les agents de l’ordre. Ses éclats, il les explique (et les justifie) par par sa volonté de défendre le club dont il a la charge.
H. M. et Y. N.
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