L’Espérance sportive de Tunis (EST) a perdu hier, vendredi 28 février 2020, le match dès les 10 premières minutes, en gâchant deux opportunités précieuses pour surprendre Zamalek. Les «Sang et or» l’ont regretté en seconde mi-temps et ils risquent de le regretter encore davantage le 6 mars prochain, au match retour, à Radès.
Par Hassen Mzoughi
Pour prendre la mesure du Zamalek, l’EST avait engagé les débats à toute vitesse, mais son entame de match intense et spectaculaire a manqué le réalisme indispensable. La seconde contrariété – après le ratage de Hamdou Elhouni –, était la sortie sur blessure d’Ilyes Chetti à la 20e minute. Ce dernier, qui participe à l’animation offensive du couloir gauche, n’étant plus là, c’est Zamalek qui est libéré…
Fragilité mentale et défensive des Espérantistes
Le tournant, c’est le double ratage d’Elhouni qui butait sur le gardien adverse, Abou Gabal, puis sur le poteau (2’, 6’). Certes, l’ouverture du score était l’œuvre de l’Algérien Abderraouf Benguit (0-1, 27e), sur un service judicieux d’Elhouni, mais la réaction égyptienne ne tardait pas et le Marocain Mohamed Ounajem égalisait dans la foulée sur une merveille de frappe en pleine lucarne (1-1, 31e), permettant à son équipe de rester dans le match et de garder confiance. L’EST n’est plus dans la peau d’un prétendant car elle allait payer sa fragilité mentale et défensive.
Après une tête de Mahmoud Alaa qui frôlait la transversale, et une frappe de Mohamed Ali Ben Romdhane déviée par le même Alaa, le Marocain Achraf Bencharki trouvait au second poteau, l’opportunité de placer le Zamalek en tête (2-1, 72’), au terme d’un mouvement collectif de 30 passes, au milieu des joueurs «Sang et or» restés comme des spectateurs.
Hors d’eux, réclamant une faute (peu évidente) de Bencharki sur Khalil Chammam, les tenants du trophée ont invectivé l’arbitre et la mêlée se terminait par un carton rouge contre Ben Romdhane. Réduite à dix, l’Espérance ne pouvait plus sortir la tête de l’eau. Beaucoup trop nerveux, les Tunisiens finissaient par concéder un penalty par Dhaouadi, tombé facilement dans le piège tendu par Bencharki, décidément l’homme des deux victoires égyptiennes en Super-coupe africaine, il y a deux semaines et hier en quart de finale. Alaa le transformait (3-1, 90e+3), marquant un but qui pourrait être lourd de conséquences dans une semaine à Radès.
Le double tenant du titre est dos au mur… D’autant qu’il n’a pas affiché la sérénité et la solidité requises en deux matches cruciaux face au même adversaire (6 buts encaissés en 180 minutes entre Super-coupe et quart de finale aller de la Ligue des champions), se montrant, d’un autre côté, superbement timide en termes d’efficacité offensive (2 buts en 2 matches mais combien d’opportunités gâchées). Sans oublier les absences en match retour de Mohamed Ali Yaacoubi, qui a ramassé hier son second carton jaune suspensif, Ben Romdhane expulsé et Chetti blessé. En plus de Yaacoubi et Chetti, l’incertitude quant à un retour d’Abdelkader Bedrane, encore mal remis, aggrave le problème de la défense. Les forfaits de Chetti et Bedrane posent un vrai dilemme. Le latéral gauche «sang et or» est important – avec Elhouni – dans le jeu offensif sur le couloir gauche. On l’a vu hier, sa sortie sur blessure dès la 20e minute a handicapé le jeu d’attaque de l’EST et… «soulagé» Zamalek. Alors que Bedrane, en plus de sa rigueur, s’impose par son autorité et sa relance.
L’EST trouvera difficilement l’espace à Radès
La tâche sera encore difficile en match retour avec… Chammam à l’axe central pour faire la paire avec Dhaouadi. «El Capitano» ne brille pas depuis son retour d’une longue absence pour blessure. En Super-coupe comme hier, il a raté ses sorties. La titularisation de Mohamed Amine Tougai comme pendant de Dhaouadi et Mohamed Amine Ben Hamida à la place de Chetti pourraient valoir des alternatives intéressantes. L’ennui, c’est que Mouine Chaabani n’a pas le choix des armes dans ce secteur défensif, ce qui est déjà un vrai casse-tête.
Au milieu de terrain, Kwame Bonsu pourrait faire sa rentrée à la place de Ben Romdhane, dont l’absence sera très ressentie notamment en matière de liaison avec la ligne d’attaque. Son rôle est d’autant plus utile sur le plan tactique qu’il libère Benguit pour se porter vers les buts adverses, voire de se placer en avant-centre ou en ailier gauche.
Ceci dit, en plus de la difficulté de disposer de la totalité des titulaires, il y aura un obstacle majeur : l’EST trouvera difficilement l’espace à Radès. Confiant et au complet – le contraire de l’EST –, Zamalek viendra à Tunis avec l’intention de défendre son avantage… confortable. L’équipe tunisienne, qui en a vu d’autres, tentera le maximum pour un autre miracle, à l’instar de cette incroyable remontada aux dépens d’Al Ahly en novembre 2018 (3-0), en finale retour de la Ligue des champions, après avoir perdu la manche aller 3-1.
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