Face à l’évolution de la pandémie du coronavirus en Italie et en France, et compte tenu des moyens dont dispose la Tunisie pour faire face à un afflux massif de patients en détresse respiratoire, la seule parade qui nous reste : décréter le confinement global de la population.
Par Kaissar Sassi *
La science a toujours été la lame tranchante dans les situations de doute et de confusion. Cette semaine, la science a tranché. Il n’est plus de mon ressort ni celui du président de décider. Les études sont sous nos yeux… En noir sur blanc… Une seule mesure a prouvé son efficacité dans la diminution de la gravité de l’épidémie: application du confinement total des citoyens. Dans la situation actuelle, la désinvolture est tout simplement criminelle, des citoyens risquent de mourir, beaucoup de citoyens.
Dans une guerre sans merci, on n’envoie pas un amateur s’aventurer sur le terrain de l’ennemie, Dans une sonate, c’est au pianiste de jouer au violon. Et dans les pandémies, il faut appliquer la science soit : appliquer le confinement global des citoyens.
Une étude publiée aux États-Unis nous a coupé le souffle hier, mercredi 18 mars 2020. Le Covid-19 reste belle et bien en vie, en suspension dans l’air pour trois longues heures. Son mode de transmission est officiellement aérien pur. Tél un colibri, le Covid-19 vole avec le souffle du vent, suspend et souhaite finir dans les poumons.
La chloroquine a prouvé son efficacité pour diminuer la gravité de l’infection. Mais elle ne protège pas contre les ravages socio-économiques du Covid-19, et ne supprimera jamais de nos mémoires les images des réanimations en Italie avec les patients intubés juxtaposés. Pas deux, pas cinq mais huit pour cent de mortalité. Vous pensez aux larmes versées ! Les cris de tristesse ! Les adieux ! La seule parade qui nous reste : décréter le confinement global de la population.
En France, 1000 patients sont en réanimation, cinquante pour cent ont moins de 60 ans. Je n’ai jamais digéré ce réconfort… Elles me sont chères ces personnes âgées… Mais ce petit vice est fini. Ce petit virus touche officiellement toutes les tranches des âges.
L’heure est grave. La minute est grave. La seconde est grave. Contention totale de toute la population. Promettre aux hommes d’affaires altruistes un retour après la crise. Reporter les payements des charges sociales et des impôts à toutes les sociétés. Garer toutes les voitures administratives de l’Etat, transmettre l’argent de l’essence et les bons de payement au ministère de la Santé. Préparer dès maintenant un plan d’augmentation de la capacité maximale d’accueillir un afflux massif des patients. Faire des dons à l’Etat, si on n’en est pas capables, partager son pain avec son voisin. Investir dans le développement de la science pour espérer trouver un vaccin le plus rapidement possible. Ce n’est pas l’histoire d’une bonne paire, c’est l’histoire d’une survie.
* Médecin anesthésiste-réanimateur.
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