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Covid-19 : Les scientifiques doivent être mieux entendus en Tunisie

Des associations et des Ong tunisiennes appellent à la constitution d’un Haut conseil scientifique pour faire face à la situation sanitaire dans le pays et dans le monde avec la pandémie du coronavirus.

Tout laisse croire que la pandémie du Covid-19 s’étendra encore dans notre pays et fera encore des victimes. Les actions louables de l’Etat qui tente, depuis les prémices de la crise sanitaire, d’anticiper en vue de limiter la propagation du virus et de réduire le nombre des malades hospitalisés dans des unités de soins intensifs, risquent d’être entravées par le comportement irrationnel de très nombreux citoyens notamment en ce qui concerne le respect des modalités du confinement général et des consignes de distanciation sociale. Elles peuvent aussi être gênées par les erreurs de communication de certaines autorités publiques, le manque ou la faiblesse de la coordination des initiatives et la confusion des rôles.

Dans ce dernier registre, l’absence d’un éclairage scientifique indépendant aussi bien pour les gouvernants que pour les citoyens, visible et transparent, risque de brouiller les décisions, d’installer la crainte et réduire l’efficacité des efforts.

La constitution d’un Haut conseil scientifique est indispensable

Le Comité permanent de suivi de la propagation du Covid-19, installé par le ministère de la Santé publique, est un comité composé des représentants des différents ministères concernés par la crise et de l’Observatoire national des maladies nouvelles et émergentes, qui sont à saluer pour leur excellent travail. Il a une tâche essentielle, certainement lourde et extrêmement accaparante dont il s’acquitte en faisant preuve de beaucoup de vigilance et d’abnégation. Mais on ne peut pas demander à ses membres, en charge du suivi de la situation sanitaire très évolutive, d’avoir le temps et le recul nécessaires pour donner un avis serein, détaché de la pression du quotidien et basé sur les derniers acquis de la recherche scientifique multidisciplinaire en rapport avec la pandémie. Ils seraient plus efficaces s’ils se concentraient sur la gestion quotidienne de la crise et s’appuyaient sur une haute autorité scientifique dédiée uniquement à la tâche précitée.

L’installation d’un Haut conseil scientifique, qui donnera régulièrement son avis sur l’évolution de la pandémie et préconisera les mesures appropriées à chaque étape, est désormais une nécessité impérative qu’imposent la gravité de la situation ainsi que la fragilité du pays au plan économique, son contexte politique et son environnement régional.

Toutes ces considérations interdisent les tâtonnements, les gaspillages et les cacophonies de tout genre. Elles nous dictent impérativement de nous fier à la parole de nos scientifiques qui doit primer sur tout autre discours.

Partout dans le monde, la science est en train de guider les pas des décideurs et le comportement des citoyens. Ceux qui n’ont pas écouté cette voix, l’ont regretté; ceux qui ne l’écouteront pas le regretteront amèrement.

L’indépendance et la transparence des activités du Conseil seront salutaires

Dans tous les pays où la crise est traitée de manière rationnelle et efficace, la parole est donnée d’abord à des scientifiques travaillant dans des domaines en rapport avec la nature de la pandémie : virologues, infectiologues, épidémiologistes, immunologistes, biologistes, anesthésistes-réanimateurs, urgentistes, gériatres…

Qu’ils soient praticiens, chercheurs ou les deux à la fois, ces scientifiques font des observations, s’informent en temps réel et publient pour faire avancer le savoir, de jour en jour, heure par heure. La Tunisie a encore la chance de compter parmi ses enfants, des femmes et des hommes qui font partie de cette communauté internationale des soldats par lesquels viendra le salut de tous.

Le gouvernement serait bien inspiré de constituer, le plus tôt possible un Haut conseil scientifique qui éclairera et appuiera ses grandes décisions pendant la crise et au cours de l’après-crise qu’il faut préparer d’ores et déjà et qu’il faudra gérer, elle aussi. Le Conseil national de l’Ordre des médecins, les Sociétés savantes médicales, l’Observatoire national des maladies nouvelles et émergentes, les Universités et les centres de recherche trouveront rapidement la formule pour choisir les plus qualifiés et les plus disponibles des experts.

Travaillant dans la transparence et l’autonomie totales, en tenant compte des moyens disponibles et mobilisables, le Haut conseil scientifique indiquera es qualité aux décideurs ce qu’il faut faire, du seul point de vue scientifique. Il rassurera par là même l’opinion publique, en laissant à tous et à chacun la responsabilité à assumer.

C’est pourquoi les associations et les ONG signataires du présent communiqué appellent le gouvernement à constituer sans tarder ce Haut conseil scientifique.

Les organisations signataires :

  • Association des femmes tunisiennes pour la recherche sur le développement
  • Association Perspectives El Amel tounsi
  • Association tunisienne de défense des libertés individuelles
  • Association tunisienne de défense des valeurs universitaires
  • Association tunisienne des femmes démocrates
  • Association tunisienne d’histoire et d’éducation à la citoyenneté
  • Association Vigilance pour la démocratie et l’Etat civique
  • Centre de Tunis pour la liberté de la presse
  • Coalition tunisienne pour l’abolition de la peine de mort
  • Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie
  • Fondation Ahmed Tlili pour la culture démocratique
  • Ligue tunisienne des droits de l’homme
  • Observatoire national pour la défense du caractère civil de l’Etat
  • Organisation contre la torture en Tunisie
  • Réseau Doustourna
  • Syndicat national des journalistes tunisiens.

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