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Enterrement des victimes du coronavirus : Le problème de trop

Bien que le nombre de décès dus au coronavirus, Covid-19, en Tunisie, soit (encore) très bas, du moins en comparaison avec d’autres pays, l’enterrement des victimes est déjà très problématique. Des citoyens qui refusent l’inhumation des corps infectés, des autorités qui succombent à l’ignorance de ces derniers, des municipalités qui manquent de moyens (et peut-être aussi de courage) pour enterrer… Alors que le pays est dans une guerre, on trouve le moyen de se donner un problème largement évitable.

Par Cherif Ben Younès

Hier, 5 avril 2020, une fois de plus, des Tunisiens sont sortis de chez eux, en grand nombre, pour empêcher l’enterrement d’une victime du coronavirus. Cela s’est passé à Medjez El-Bab (gouvernorat de Béja).

Le pire est que les autorités ont, cette fois, scandaleusement cédé à ces demandes égoïstes.

La peur de se faire contaminer est naturelle et compréhensible, mais seulement lorsqu’elle est justifiée. Or, en l’occurrence, ce n’est clairement pas le cas. On n’attrape pas le coronavirus parce qu’un corps infecté est enterré dans le cimetière de la ville. C’est ridicule, et aujourd’hui, le pays ne peut pas s’offrir de le luxe de supporter ce genre d’absurdités.

D’autant plus que l’enterrement se fait en suivant rigoureusement le protocole établi à cet effet par la médecine légale et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), à savoir, notamment, une tombe à au moins 3 mètres de profondeur, un sac isolant et des produits stérilisants.

A défaut de pouvoir s’instruire sur le sujet, même si l’ignorance est aujourd’hui presque un choix, les protestataires peuvent, au moins, faire preuve de bon sens, et se demander si la Tunisie a le moindre intérêt de prendre le risque de contaminer de nouvelles personnes si l’enterrement présentait réellement un danger. Pourquoi elle se donnerait autant de mal pour combattre le virus dans ce cas ?

Si on se permet ce genre d’exigences égoïstes et injustifiables, aujourd’hui, alors qu’on n’a qu’une vingtaine de morts, qu’allons-nous faire si on aura dans les prochaines semaines, comme dans d’autres pays, des centaines, voire des milliers, de corps infectés à enterrer par jour ?

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