L’annonce par le ministère des Affaires culturelles de la reprise des tournages des feuilletons et émissions ramadanesques, malgré le confinement général imposé en Tunisie pour lutter contre la propagation du coronavirus, a suscité une vague de critiques et la colère de plusieurs professionnels du secteur.
Alors que l’on ne cesse de demander aux citoyens de respecter le confinement et la distanciation sociale et de ne sortir de chez eux qu’en cas d’extrême urgence pour faire barrière au coronavirus, et que 80% des entreprises et des PME sont à l’arrêt, le ministère des Affaires culturelles a annoncé hier que les sociétés de production audiovisuelle et les chaînes de télévision, dont les autorisations de tournage ont été récemment suspendues, auront la possibilité de poursuivre la réalisation de leurs séries, à condition de se conformer aux consignes d’hygiène.
En réaction à cette annonce, plusieurs professionnels du secteur ont tiré la sonnette d’alarme, ce jeudi 9 avril 2020, estimant que cette décision était prise d’une manière unilatérale, et ne respectant pas les efforts des autorités dans la guerre menée contre la pandémie et pourrait mettre en danger la santé des acteurs, techniciens, réalisateurs, producteurs et autres intervenants dans les tournages.
Parmi les détracteurs de cette décision, on citera notamment l’acteur et réalisateur Atef Ben Hassine, sa collègue Wajiha Jendoubi ou encore la comédienne et metteuse en scène Leila Toubel, ainsi que Lassaad Khedher, président de la Chambre syndicale nationale des médias privés.
De leur côté, les membres de la Chambre syndicale nationale des producteurs du cinéma et de l’audiovisuel et l’Association des réalisateurs de films tunisiens ont publié un communiqué commun pour dénoncer cette décision et appelé les professionnels du secteur à ne pas reprendre le travail en mettant leur santé et celle de leur entourage en danger.
En réaction à cette vague de critiques, le ministère des Affaires culturelles a publié un communiqué, tard dans la soirée du jeudi 9 avril, pour expliquer que l’objectif de cette décision est d’inciter les familles tunisiennes à rester à la maison, en leur offrant de bons programmes télévisés pour le mois de ramadan.
Le ministère ajoute que l’octroi des autorisations permettant de poursuivre les tournages concernent les projets presque terminés et que des mesures sanitaires strictes doivent être respectées. «En cas d’infraction les autorisations seront retirées avec la suspension immédiate du tournage», ajoute le communiqué.
Reste que ces arguments ont du mal à passer. La ministre Chiraz Laatiri est d’ailleurs accusée d’avoir pris une décision de complaisance pour soigner ses relations personnelles avec les milieux cinématographique et télévisuel, et parlent même de clientélisme.
Y. N.
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