Margaret Harris, porte-parole de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), vient de déclarer : «Nous n’avons jamais dit d’instaurer des mesures de confinement. Nous avons dit de suivre, tracer, isoler, traiter.» Encore une fois, l’OMS montre qu’elle est déconnectée de la réalité de la plupart des pays qui ont été touchés par le Covid-19.
Par Pr Faouzi Addad *
Si nous avions exécuté à la lettre les recommandations des experts de l’organisation onusienne, nous aurions eu probablement, en Tunisie, les 1000 morts prévus initialement par tous les épidémiologistes. Or, depuis l’apparition du premier cas de contamination, le 2 mars dernier, et jusqu’à aujourd’hui, on compte moins de 1000 cas de Covid-19 et «seulement» 40 personnes décédées par cette maladie.
L’OMS déconnectée de la réalité de ses pays membres
La première recommandation de l’OMS est de «suivre». Cela suppose des tests rapides disponibles pour un dépistage massif. Or, l’on sait que cette étape est tout d’abord limitée par 30% de faux négatifs et qu’elle nécessite une capacité d’effectuer une quantité de tests quasi-impossible à réaliser par la majorité des pays, surtout au cours des premières semaines.
La deuxième recommandation est de «tracer». Cela suppose une logistique et des capacités informatiques importantes, pas toujours disponibles et pouvant parfois empiéter sur les libertés et les droits humains.
La troisième recommandation est d’«isoler». C’est une action effectivement possible à réaliser, mais qui ne peut être efficace que si les deux premières ont été effectuées.
Enfin, la quatrième recommandation est de «traiter», or, cela suppose que les traitements soient disponibles et leur efficacité prouvée, ce qui est loin d’être le cas. On se rappelle tous que le traitement anticoagulant pour la prévention du risque thrombotique chez un patient hospitalisé avec Covid-19 et une meilleure compréhension progressive de ce virus ont eu un rôle crucial sur le terrain.
La chloroquine, au-delà de tous débats suscités sur son efficacité, a eu le mérite de rassurer la population des pays aux revenus et aux moyens limités quant à une possible solution, mais les doutes sur ses vertus présumés s’accumulent.
Le «miracle tunisien» a eu lieu
Donc, pour résumer, seul le confinement drastique a permis, dans une première étape, de donner le temps aux pays, et notamment la Tunisie, de s’organiser en vue des autres étapes préconisées par l’OMS. Nous n’avons surtout pas à regretter de ne pas avoir suivi les premières consignes de cette organisation qui, décidément, aura eu tout faux depuis le début.
«Le miracle tunisien», si l’on nous permet l’expression, a eu lieu et les chiffres sont là pour l’attester malgré certaines insuffisances, des faux pas et encore des incertitudes (comme en ce qui concerne les tests rapides et les modalités de dé-confinement progressif programmé à partir du 4 mai prochain…), nous avons remporté cette première bataille. Notre système de santé, malgré la faiblesse de ses moyens, a tenu. En tout cas jusque-là.
* Professeur de cardiologie.
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