La persistance du virus dans le monde après la fin de l’été nous fait craindre un automne et un hiver 2020 difficiles. Mais comme l’économie tunisienne ne supportera pas une nouvelle phase de confinement, la première ayant été très coûteuse, nous devons nous préparer à tous les scénarios. Et le plus probable c’est que nous allons devoir vivre avec le virus, en nous employant à en réduire les dégâts.
Par Pr Faouzi Addad *
Avant-hier, vendredi 20 juin, un triste record a été battu, celui du plus grand nombre de nouveau cas de coronavirus (Covid-19) avec plus de 150.000 personnes testées positives en une seule journée, et pour la moitié d’entre elles dans les Amériques. Le monde est donc entré «dans une nouvelle phase dangereuse», a déclaré Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Cela signifie clairement que le virus circule encore énormément dans le monde et qu’il semble parti pour cohabiter avec nous pour longtemps. Tous les indicateurs nous le montrent chaque jour, ce virus va rejoindre la liste des virus dangereux et il tuera chaque année un grand nombre de personnes dans le monde.
Le monde semble devoir cohabiter avec la Covid-19
Quelles que soient les précautions qui seront prises, la réouverture des frontières, fixée en Tunisie pour le 27 juin, nous ramènera inéluctablement son lot de nouveaux cas. Le zéro cas sur une longue période étant une vue de l’esprit dans un pays comme le nôtre, ouvert au monde extérieur et qui, de surcroît, a une vocation touristique.
C’est pourquoi je pense que la stratégie doit changer : il faut désormais apprendre à vivre avec ce nouveau virus. L’inquiétude, dans notre pays, ne concerne plus l’apparition de quelques cas importés, du reste inévitables et qui pourront être isolés, mais plutôt la disparition quasi-totale des mesures barrières. Les poignées de main réapparaissent, les gens s’embrassent, les masques de protection ont disparu du paysage, les lieux publics sont pleins de monde et aucun signe de prudence n’est visible.
Seuls les membres du gouvernement essayent désespérément de donner l’exemple en portant des masques lors des réunions, mais en totale décalage avec la réalité de la vie publique.
La chaleur actuelle rend certes difficile le port du masque mais cela ne saurait être une justification recevable au regard du danger que l’on court à circuler sans masque.
Il faut se préparer à tous les scénarios
La persistance du virus dans le monde après la fin de l’été nous laisse prévoir un automne et un hiver difficiles. Notre économie ne supportera pas un re-confinement et nous devons nous préparer à tous les scénarios.
En attendant, les pays européens font déjà leurs pré-commandes de vaccin pour Noël alors que nous n’aurons que la chloroquine et la dexamethasone pour nous consoler. Et seules la prévention de la maladie et la conscience des citoyens de la nécessité de s’en prémunir pourront nous éviter une catastrophe sanitaire et sociale annoncée.
* Professeur de cardiologie.
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