Secteur vital pour plusieurs régions tunisiennes, le tourisme a malheureusement été très impacté par la pandémie du coronavirus. C’est dans ce contexte particulier que s’est déroulé le Conseil régional du tourisme, samedi dernier, 18 juillet 2020, à l’hôtel Radisson Blu, à Djerba.
Envoyé spécial : Cherif Ben Younès
L’événement a notamment connu la présence du ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Mohamed Ali Toumi, du gouverneur de Médenine, Habib Chaouat, du délégué régional du tourisme, Hichem Mahouachi, ainsi que de plusieurs représentants des municipalités et délégations du sud-est du pays. Tous venus débattre de la situation actuelle du secteur, de ses problèmes et des solutions envisageables.
Dans son allocution, Mohamed Ali Toumi a d’abord rappelé que sa présence à Djerba, notamment à l’occasion de ce conseil, représente son tout premier déplacement officiel depuis la prise de ses fonctions à la tête du ministère du Tourisme et de l’Artisanat, à la fin du mois de février dernier. Ce qui est symbolique du rôle que joue l’île pour le secteur en Tunisie. «Il s’agit d’une icône du tourisme», a-t-il, d’ailleurs, lancé.
«Les responsables partent, mais l’Etat demeure en place»
Revenant sur le contexte politique particulier que traverse actuellement le pays et qui fait de lui, désormais, un ministre provisoire, après la démission du chef du gouvernement, Toumi a insisté sur l’importance du sens de la responsabilité dont il doit faire preuve, quelle que soit la période qui lui reste à la tête de son département.
«Les responsables [gouvernementaux] partent, mais l’Etat demeure en place. Nous somme tous responsables de l’image qu’on donne de la Tunisie», a-t-il insisté.
Mohamed Ali Toumi a, sur un autre plan, rappelé l’importance du tourisme dans l’économie tunisienne : «Officiellement, le secteur représente 7% du PIB national, mais en tenant compte de sa capacité d’offrir de l’emploi direct et indirect, son impact est, en réalité, bien plus grand». Dans certaines régions, il faut même multiplier ce chiffre par 10, selon l’ancien président de la Fédération tunisienne des agences de voyages (FTAV).
Pour ce qui est de la gestion de la crise sanitaire du coronavirus, pour M. Toumi, les choses sont claires : dorénavant, il faut continuer à affronter cette pandémie prudemment, certes, mais aussi «courageusement».
«Nous avons eu peur au début, et on s’est confinés. Mais maintenant, il faut qu’on aille de l’avant, tout en respectant les mesures de précaution et les gestes barrière», a-t-il développé.
Il a également souligné que plusieurs mesures gouvernementales, en rapport avec le tourisme, comme le nettoyage et le réaménagement de certaines plages, ont été retardées en raison de la Covid-19, mais qu’elles seront appliquées très prochainement.
En tout cas, il faudrait faire vite, car une grande partie de la saison touristique estivale s’est déjà achevée.
Un autre sujet important a été évoqué par le ministre : celui de la stratégie de la gouvernance touristique. «Je veux que les municipalités aient leurs propres plans touristiques. Fixez les objectifs et on vous donnera les moyens de les réaliser», a-t-il dit en s’adressant aux maires présents, affirmant qu’il croit à la gouvernance locale, à condition qu’elle soit intimement liée à la gouvernance centrale.
Explorer de nouveaux types de tourisme
Le gouverneur de Médenine, Habib Chaouat, a, de son côté, dit que la gestion du coronavirus, en tant que maladie assez dangereuse et hautement contagieuse, était quelque chose de nouveau pour le pays et qu’il était, par conséquent, normal de faire des erreurs et de les rectifier, jusqu’à ce que l’on acquière l’expérience nécessaire pour faire face à ce genre de crises.
Il a, d’un autre côté, assuré que le problème de l’eau potable dans la région a été dépassé et qu’il faudra maintenant se pencher sur celui de la pollution des plages.
D’autre part, il a estimé qu’il était nécessaire de s’adapter aux changements et aux évolutions mondiales et d’explorer «de nouveaux types de tourisme». Dans ce cadre, il a notamment proposé de de donner plus d’importance aux événements culturels, ou encore de mieux exploiter les terrains vierges dans les gouvernorats du sud-est en vue de «construire une cité sportive alimentant le tourisme sportif».
Il a également regretté le fait que 90% des cliniques sont fermées dans au sud-est, ce qui entrave, d’après lui, grandement, le tourisme médical.
Des problèmes nombreux et divers à régler à court et moyen terme
Le délégué régional du Tourisme, Hichem Mahouachi, est, pour sa part, revenu, avec plus de profondeur, sur les maux du secteur touristique, qu’ils soient en rapport avec la Covid-19 ou pas.
Il a notamment rappelé que durant la crise sanitaire, la majorité écrasante des hôtels avaient fermé, à l’exception de 12 d’entre eux qui ont continué à héberger des touristes ayant préféré rester en Tunisie.
M. Mahouachi est également revenu sur l’importance de la propreté dans la promotion du tourisme et la fidélisation des touristes, rappelant qu’un million de dinars a été alloué aux municipalités du sud-est pour régler le problème de la pollution.
Par ailleurs, il a estimé que les soucis sont bien plus nombreux et variés, citant, entre autres, celui de la désertification, de l’absence de restaurants dans l’aéroport ou encore de la négligence à l’égard des monuments culturels du pays.
Alors que la situation économique de la Tunisie ne cesse de se dégrader ces dernières années, le tourisme était perçu jusqu’à un passé pas très lointain comme étant une lueur d’espoir pour notre pays, au vu notamment du succès relatif connu en 2019. Malheureusement, la pandémie du coronavirus en a voulu autrement. L’enjeu aujourd’hui est de limiter les dégâts et préparer le terrain à la saison estivale de 2021, sans oublier les autres maux du secteur.
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