Un nouveau rebondissement dans l’affaire de la Banque franco-tunisienne (BFT), opposant le fonds d’investissement ABCI à l’Etat tunisien : le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (Cirdi), en charge de l’affaire, a décidé de suspendre la procédure d’arbitrage pour une durée d’un mois.
Par Imed Bahri
Cette décision a été prise le 13 octobre courant et annoncée hier, 21 octobre, afin de permettre aux deux parties en litige d’avancer dans la négociation en vue d’une solution à l’amiable, comme ils en ont exprimé officiellement la volonté.
Le Cirdi temporise mais la procédure d’arbitrage est maintenue
Pour le Cirdi, agence relevant de la Banque mondiale, ce délai d’un mois, devant prendre fin le 13 novembre, est censé lui permettre de jauger les intentions des deux parties et leur volonté d’avancer sur la voie d’un arrangement qui préserve leurs intérêts respectifs. Cela dit, la date de la prochaine audience, à savoir début mars 2021, est maintenue. En cas d’absence d’accord, la procédure d’arbitrage suivra son cours normalement et ira à son terme. D’autant que la Banque mondiale mondiale et les autres bailleurs de fonds internationaux appréhendent l’évolution de la situation en Tunisie et ne voudraient pas voir notre pays sombrer et devenir un Failed State (Etat failli).
Selon nos informations, la partie tunisienne reste divisée sur la question. Certains cadres de l’Etat sont favorables à un accord à l’amiable qui arrête les frais et améliore l’image de la Tunisie auprès des investisseurs et des bailleurs de fonds internationaux, gravement ternie par cette affaire.
Il s’agit, notamment, des chargés du Contentieux de l’Etat, qui sont conscients des conséquences désastreuses qu’un pourrissement du conflit pourrait avoir sur les finances publiques, d’autant que le Cirdi avait émis, en juillet 2017, un verdict rendant l’Etat tunisien responsable. Un accord à l’amiable pourrait, au contraire, limiter les dégâts et même permettre de relancer l’investissement, en berne depuis plusieurs années, et dont la Tunisie a besoin pour relancer son économie, aujourd’hui en récession, et créer des emplois.
Les magouilleurs ne veulent pas lâcher le morceau
En face, on retrouve les magouilleurs de l’Etat profond, qui agissent au profit des affairistes ayant reçu des crédits de la BFT au cours des quarante dernières années et ne les ont pas remboursés.
Ces magouilleurs, hauts cadres de l’Etat, qui sont en grande partie responsables de la tournure catastrophique prise par l’affaire, sont soudoyés par des partis politiques au pouvoir émargeant sur les largesses calculées des ces mêmes affairistes, dont les noms sont connus, ainsi que l’argent qu’ils doivent à la BFT et qu’ils vont devoir rembourser un jour ou l’autre. Car il n’est pas question, si le Cirdi décide des dommages et intérêts pour l’ABCI (on parle d’un montant pouvant dépasser plus d’un milliard de dollars), que ce soient les pauvres contribuables, comme vous et moi, qui n’ont rien pris à personne, qui payeront pour les méfaits d’une poignée d’irresponsables et d’égoïstes, qui ont mis l’Etat tunisien dans une si mauvaise posture.
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