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La démocratie tunisienne à l’épreuve de la crise économique

Les Tunisiens sont avertis : il n’est pas exclu aujourd’hui qu’une aggravation de la crise économique et sociale, fortement compliquée par les impacts de la pandémie de la Covid-19, puisse mettre fin à la démocratie encore naissante.

Par Amine Ben Gamra *

Depuis 2011, l’économie tunisienne a été marquée par un bouleversement massif de sa finance publique. La production et les revenus ont chuté, le chômage a augmenté rapidement avec la suppression des garanties de l’emploi dans les entreprises publiques. Simultanément, la décélération de l’investissement et de la croissance a engendré une baisse des recettes fiscales, débouchant sur une forte augmentation de la dette publique.

Les réformes nécessaires ne sauraient être reportées davantage

La Tunisie a réussi, au cours des dernières années, à accroître ses recettes fiscales, mais, en l’absence de réformes du système des subventions, ces gains ont été grignotés par l’aggravation de la contrebande. Aussi est-il grand temps de réformer ce système des subventions et des transferts inutiles qui profitent de façon disproportionnée aux riches, et de les utiliser pour augmenter les dépenses sociales. Car un dinar amputé aux subventions énergétiques au profit d’investissements productifs correspondrait à quatre dinars de gain de croissance à long terme.

Sur un autre plan, des mesures doivent être prises en urgence pour faire face à la conjoncture actuelle, telle que le renforcement des procédures de passation des marchés publics et du contrôle des entreprises publiques afin de préserver les ressources et de limiter les risques budgétaires.

Des compromis à trouver entre le nécessaire et le possible

En effet, la dette publique s’est envolée en raison de l’augmentation considérable du nombre de fonctionnaires et de travailleurs dans les entreprises publiques. Si on réussit à réformer ces entreprises, les possibilités de corruption et de détournement de fonds publics baisseraient, et cela contribuerait à accroître les recettes fiscales, stimulerait davantage l’investissement et relancerait la croissance.

Il faut aussi trouver un compromis avec les évadés fiscaux et les contrebandiers à travers leur intégration à la sphère économique structurée ce qui mobiliserait plus d’argent que l’instauration d’une taxe sur les jeux de paris et de hasard.

Malheureusement, le projet de loi de finances pour le prochain exercice (PLF 2021) ne contient aucune mesure dans ce sens.

Il faut agir vite et procéder aux réformes nécessaire car il n’est pas exclu aujourd’hui qu’une aggravation de la crise économique et sociale puisse mettre fin à la pratique de la «démocratie» en Tunisie.

* Expert comptable, commissaire aux comptes, membre de l’Ordre des experts comptable de Tunisie.

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