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Ridha Lénine, un clown démagogue et utopiste

Pour l’auteur Mohamed Sadok Lejri, alias Pierrot le Fou sur Facebook, Ridha Chiheb El Mekki dit Ridha Lénine, le Raspoutine de Kaïs Saïed et l’un des initiateurs du projet de «la Nouvelle construction» pour refonder la république tunisienne est une caricature de l’intellectuel de gauche, un clown démagogue, dangereux et utopiste.

Par Mohamed Sadok Lejri *

La longue interview que vient de donner Ridha Chiheb El Mekki, alias Ridha Lénine, aux journalistes d’Attessia, vendredi 25 décembre 2020, confirment les propos que j’ai tenus sur son compte lors des dernières élections présidentielles. Les idées qu’il prône n’ont rien à voir avec le léninisme et le kadhafisme, et encore moins avec l’islamisme. Il est, en réalité, tout empêtré dans les théories anarchistes et socialistes libertaires et leur doctrines corollaires.

Les idées qui ont été développées sur Attessia par Ridha Lénine procèdent d’une idéologie qui vise à «l’abolition de l’Etat et du capitalisme, considérés comme deux formes d’oppression indissociables, et à l’instauration d’une société égalitaire, délestée des principes antisociaux de la propriété privée et des institutions de type étatique, fondée sur l’autogestion et la responsabilité individuelle**».

La perpétuelle rengaine sur la démocratie directe

Ridha Lénine désavoue le régime représentatif car il ne consacre pas pleinement le principe de la souveraineté populaire ; au contraire, il est souvent amené à le cocufier. Notre Noam Chomsky national désavoue la structure pyramidale du pouvoir, laquelle induit de facto une notion de supérieur et d’inférieur. Il désapprouve qu’un État central fort se place au-dessus de la société, emprunte et légitime son autorité par sa capacité à établir un ordre et à régir le quotidien des citoyens. Sauf qu’il ne peut y avoir de conscience unitaire, de peuple uni, de communauté nationale, sans un Etat fort et fédérateur, a fortiori dans une société aussi arriérée que la nôtre.

Pour les gens qui adhèrent aux thèses développées par l’éminence grise de la campagne présidentielle de Kaïs Saïed, les moyens de production et la chose publique doivent être contrôlés par les citoyens, d’où leur perpétuelle rengaine sur la démocratie directe et la démocratie participative. Ils estiment également que l’impérialisme américain devrait être démantelé et que ses avatars, le côté vénal et corrupteur de la culture occidentale, doivent impérativement passer à la trappe.

Ridha Lénine et ses camarades sont persuadés que les islamistes ne sont pas les ennemis du moment et que leurs idées obscurantistes sont le fruit d’un long processus historique et dues en grande partie à des causes extrinsèques (colonisation, mondialisation, impérialisme…).

La convergence des luttes des anar’ jobards

Pour ce faire, nos anar’ jobards sont prêts à œuvrer de concert avec les islamistes de toutes tendances confondues au nom de la convergence des luttes, afin de provoquer une rupture avec le vieux système «responsable de tous les malheurs» de la Tunisie et atteindre à terme les lendemains qui chantent de la société dont ils rêvent, une société juste, sans classes… et où l’Etat dépérira.

Quand on essaye de leur expliquer que les islamistes, les crapules de tout poil (contrebandiers, affairistes pourris, etc.) et les imbéciles qui prônent le retour au système féodal tribal-bédouin les phagocyteront à la première occasion qui se présentera, ils s’enferment dans un autisme structuré par le primat anti-«daouala fassida» (Etat corrompu), anti-«taghaouel» (domination), anti-Sahel, anti-bourgeoisie, anti-francophonie, anti-harkis et anti-nantis.

Bref, vous aurez compris que le discours de Ridha Lénine n’est en aucun cas léniniste et, «hamajiya» (anarchie) tribale et absence de civisme aidant, conduit inéluctablement à la déliquescence de l’Etat, ou du moins ce qu’il en reste.

Elucubrations d’un gaucho illuminé et fatigué

Ridha Chiheb El Mekki pense proposer une alternative à la situation politique et socioéconomique difficile dans laquelle se débat le pays, mais en réalité il est plus proche d’une certaine forme de dogmatisme gauchiste qu’autre chose. Son discours est irresponsable. Il repose sur de vieux rêves et, manifestement, il n’a jamais abandonné l’ambition de les voir se concrétiser un jour. Ses propos pourraient être retranscrits et regroupés dans un petit ouvrage qui porterait le titre suivant ‘‘Elucubrations d’un gaucho illuminé et fatigué’’.

Lénine, tu n’es pas Bakounine, tu es sa rature ! T’es juste un bougnoule apprenti-sorcier, en retard de plus d’un siècle, qui a fini par se convaincre qu’il était un théoricien de gauche, un réformiste anarcho-socialiste. Mais les gens se souviendront de toi comme d’une caricature de l’intellectuel de gauche, comme d’un bouffon… un clown dangereux.

Bienvenue à Utopia, Si Ridha !

* Universitaire.

** Thuillet Guillaume, ‘‘Le système idéal’’, Paris, Editions Books on Demand, 2011.

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