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Après leur rencontre avec Saïed, qu’ont rapporté les ambassadeurs européens à leurs gouvernements ?

Sur le site ‘‘Diplomates.tn’’ quelqu’un a exprimé le secret désir de pouvoir lire la lettre que les ambassadeurs de l’Union européenne accrédités à Tunis ont envoyé à leurs gouvernements après avoir a rencontré le président de la république tunisienne Kaïs Saïed, mardi 23 février 2021. L’auteur, journaliste tunisien longtemps accrédité auprès de l’UE, pense pouvoir, sans avoir lu ladite lettre, la réécrire, car la position européenne est constante et prévisible.

Par Fathi B’chir *

Officiellement et diplomatiquement, voilà ce qu’a écrit la délégation de l’UE à Tunis dans sa page Twitter : «Réunion chaleureuse et franche entre les ambassadeurs de l’UE et M. Kaïs Saïed, président de la république tunisienne, sur les relations bilatérales et le soutien de l’UE à la transition démocratique et économique en Tunisie. La Tunisie et l’UE sont engagées à revitaliser ce partenariat.»

Mais d’expérience, l’UE a constamment adopté le point de vue des institutions de Bretton Woods, le Fonds monétaires international (FMI) et la Banque mondiale (BM), deux des principaux bailleurs de fonds de la Tunisie, avec lesquels elle procède régulièrement à des analyses communes de la situation d’un pays qui demande la charité internationale, à quelques nuances près selon les pays.

L’Europe veut, surtout, qu’on lui foute la paix

Dans le cas de la Tunisie elle dira tout son intérêt pour cette «vitrine démocratique» qu’elle voudrait voir aboutir à un résultat pour pouvoir en vendre l’exemple à d’autres solliciteurs de la région. Pour cela elle dira sa crainte d’un durcissement dans les rapports entre les sociétés civiles et les islamistes qu’elle redoute. Peur surtout de leur influence sur la «seconde génération» sur son territoire.

En gros son souci est qu’on lui «foute la paix» avec des histoires qui ne la regardent qu’à moitié, tant que ça ne touche pas à l’économique. Son vœu secret est de contribuer à «démocratiser les islamistes» ou les «civiliser» c’est-à-dire qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent des Tunisiens mais ne touchent pas les Européens et surtout pas l’économique.

L’hypocrisie géopolitique trouve pleinement son expression dans le cas précis de notre pays comme de tous les pays de la Méditerranée chatouilleux quant à leurs souverainetés mais qui ont trop souvent la main tendue vers le tiroir caisse européen. Le cynisme est la loi.

Mettez de l’ordre chez vous d’abord !

Le message de fond est : s’il vous plaît «mettez de l’ordre dans votre maison avant de venir nous taper». C’est dit de façon un peu plus diplomatique. On ne tape pas sur les pauvres nécessiteux. Difficile à admettre, chacun défend ses intérêts et s’y plier ne serait pas sans intérêt pour le pays car s’il mettait de l’ordre dans ses affaires, garantissait la sécurité – sécuritaire et juridique –, se réformait un minimum et avec un peu de transparence, l’argent ne sera plus chichement accordé.

L’Europe sait ce qu’elle veut et ce qu’elle veut ce n’est pas la sécurité sociale dans les pays partenaires. Je suis prêt à mettre la main au feu pour que leurs lettres à leurs capitales soient de la même eau, à quelques virgules près, les anciens de l’ambassade à Bruxelles pourront confirmer que le message sera tel qu’imaginé.

* Ancien journaliste accrédité auprès des instances de l’Union européenne à Bruxelles.

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