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Comment les Tunisiens vont-ils élire leurs nouveaux représentants ?

Les députés sortants ont dégradé l’image de l’Assemblée : non-respect des agendas même fixés par la constitution, démagogie, tourisme parlementaire, affairisme dans certains cas. Comment les Tunisiens vont-ils choisir leurs nouveaux représentants ?

Par Fathi B’Chir *

Nous vivons en Tunisie un moment que nous ressentons dommageable pour cette démocratie naissante dans notre pays où la tradition politique et électorale n’est pas encore établie car elle manque d’ancienneté.
Le plus dommageable résulte du comportement de la classe de politiciens finalement peu politiques, dont le devoir est pourtant d’offrir un exemple valorisant au citoyen et de le guider vers un comportement collectif et individuel sain.

Elus versatiles, électeurs désabusés

Que voyons-nous en réalité. D’abord une image (caricaturale) montrant une cohorte canine serrant une écuelle entre les dents, pour indiquer que le nombre a surtout pour ambition de remplir sa gamelle. Image terrible, mais si significative d’une réalité. Celle d’abord d’une Assemblée sortante qui n’a pas accompli son devoir complètement et a fait le reste si mal : non-respect des agendas même fixés par la constitution, démagogie, tourisme parlementaire, affairisme dans certains cas.

Mauvaise volonté évidente. Tout s’est additionné et laisse, dans la bouche du citoyen, et dans son cerveau, une amertume qu’il retiendra comme le marqueur de cette page parlementaire tournée à fermer, à défaut de l’effacer.

Le renouvellement de l’Assemblée n’améliore pas plus cette image finalement dégradée. Les rumeurs de marchandages intéressés, les sauts de côté d’un parti à l’autre peuvent surprendre et même révolter. Le nombre record de candidats réputés indépendants trompe peu les citoyens probablement moins naïfs que le pensent les politiciens. Candidats déguisés, effets de vitrine. Candidats dont certains seraient douteux, motivés plus par l’affairisme et par un narcissisme atteignant de hauts degrés d’atteinte. Triste pour ce pays qui reste soucieux d’entrer dans la normalité démocratique.

Faire l’apprentissage de l’hygiène politique.

Le plus urgent pour la nouvelle Assemblée devra être de voter une nouvelle loi électorale plus stricte qui obligerait un peu plus à la discipline et à la probité. Elle devrait aussi avoir pour priorité la finalisation de la Cour constitutionnelle.

Finalement plus qu’une nouvelle loi électorale, le plus important sera le comportement du citoyen électeur qui aura à choisir en toute responsabilité. Le dernier mot lui reviendra, dans l’urne.

La démocratie tunisienne devra encore d’autre part faire l’apprentissage de l’hygiène politique.

Le citoyen devra entre-temps faire ses choix, mais vu le nombre, opter pour un candidat ou l’autre sera malaisé. Une seule issue pour rendre le choix plus facile serait de ne pas opérer de sélection sur la base de la personnalité du candidat, plutôt sur ses idées et son programme. Le mieux serait d’établir une liste inversée de ses préférences et de ne retenir que le «moins mauvais».

On a beaucoup parlé de l’intention d’établir un seuil minimum de passage des candidats, les amendements ne sont pas passés. L’électeur pourrait de lui-même les appliquer en ne retenant pas les candidats dont il ne sait rien. Exit les «indépendants», vrais ou déguisés et plusieurs sortants.

Les mauvais comportements politiques doivent obligatoirement entraîner une sanction électorale ce serait le commencement de l’hygiène démocratique.

* Citoyen désabusé.

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