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La violence à l’égard des femmes est la violation la plus honteuse de la loi

Refka Cherni ravie à la vie à 26 par un mari violent.

«La Femme est le rayon de la lumière divine», écrivait Djalâl Al dîn Rûmi au 13e siècle, mais cette parole de poète ne peut cacher la réalité du vécu des femmes dans nos sociétés et des violences dont elles sont souvent victimes. L’actualité nous en apporte malheureusement régulièrement des exemples douloureux, comme l’horrible meurtre de Refka Cherni, une jeune maman de 26 ans, dimanche 9 mai 2021, au Kef, par son mari agent de sécurité.

Par Dalel Jemni *

La violence à l’égard des femmes est répandue dans toutes les régions du monde, les cultures et à tous les niveaux de la société. C’est la violation la plus honteuse de la loi !

En Tunisie, les réformes introduites par le Code du statut personnel (CSP), en 1956, sont venues concrétiser le rêve que les femmes tunisiennes ont toujours nourri et pour la réalisation duquel elles ont lutté sans relâche afin de jouir des conditions d’une vie décente et de voir traduits dans les faits leurs droits.

Toutefois et pour ce faire, il faut également placer toutes les composantes de la société tunisienne devant leurs responsabilités afin de passer des déclarations de bonnes intentions aux actes.

Sexisme, obscurantisme et violence font bon ménage

Aujourd’hui, Il faut rester vigilant et exiger à tous les niveaux de refuser l’autorisation et l’acceptation quelconque de l’idéologie véhiculée par la négation de la femme en tant que telle qui souscrirait implicitement au mode de pensées machistes, voire misogynes, inégalitaires et obscurantiste. Une misogynie sociale institutionnelle qui pense la femme incapable de remplir des fonctions plus ou moins importantes, une misogynie des représentations dévalorisées-dévalorisantes de la femme en général qui la présente comme dangereuse, une misogynie en colère, active, devenant agressive et décomplexée.

Le drame s’est produit et le pire est que ce drame aurait pu être évité! Mais qui peut prendre au sérieux une femme qui vient porter plainte pour violence conjugale ?

C’est le énième fémicide et celui-ci est commis par un représentant de l’autorité publique! Un égaré parmi tant d’égarés dangereux!

Quand on banalise l’éducation des filles, la condition de la femme, la violence faite aux femmes, nous ne devons pas nous étonner du sexisme, de l’intégrisme et de l’obscurantisme qui règnent en maître dans notre société.

Malheureusement, le crime du Kef ne fait que refléter le vécu des femmes dans la plupart des sociétés et encore plus chez nous.

Cette société machiste façonnée et inspirée par un nouveau mode de vie obscurantiste qu’on voudrait nous imposer, voudrait changer notre Code du statut personnel et nos acquis! Elle voudrait en fait, avoir des femmes soumises qui n’ont ni les droits ni la liberté qu’elles devraient avoir.

Cet exemple multiple de comportement criminel, violent a inculqué depuis des siècles que les femmes étaient des esclaves pour l’homme, qu’elles devaient suivre le système que les hommes ont créé pour elle.

Les obscurantistes parlent souvent de nous les femmes dans leurs prêches

En utilisant les costumes, le mode de vie obscurantiste, les prêches qui parlent souvent de nous les femmes, ces individus ont depuis des siècles et dans différents pays réussi à faire en sorte que les femmes soient considérées non pas comme des êtres humains, mais comme des objets sexuels, des êtres de seconde classe.

Ces prédicateurs ont bien réussi à expliquer qu’au nom de la religion les femmes sont inférieures; ils prônent la polygamie, le divorce uniquement pour les hommes, le droit de battre les épouses, l’interdiction faite aux femmes de porter témoignage en justice, l’inégalité en matière d’héritage, le port du voile, etc.

Le statut des femmes a toujours été inférieur au statut des hommes à cause d’ignorants qu’on laisse faire au vu et au su de tous et avec les hauts parleurs par dessus le marché.

Pour sauver notre société de «l’Afghanisation» nous devons tous nous indigner et exercer nos droits en tant que citoyens pour arrêter cette hémorragie et tirer notre société vers le haut.

Il faut aussi reconnaître que, dans notre société, certaines femmes ont été sacrées gardiennes des traditions pour freiner toute évolution.

Le maintien du rôle traditionnel de la femme a hypothéqué l’avenir car c’est aux femmes que revient le pouvoir de façonner les hommes.

En effet, soumises à un dressage qu’elles ont intériorisé, elles forment ainsi la chaîne de transmission des mauvaises habitudes.

Elles vont véhiculer le sexisme, l’archaïsme, élever leurs enfants selon les schémas traditionnels et poser ainsi les bases du machisme!

Les féminicides ne sont pas des homicides comme les autres

Pour terminer, je voudrais dire que les féminicides ne sont pas des homicides comme les autres; ce ne sont pas non plus des affaires privées; les femmes ne doivent en aucun cas être la propriété de leur compagnon ou des hommes en général.

Je pense que la question de la parité renvoie à des choix de sociétés. Il faut mettre en place un mouvement de fond favorable aux femmes en tant qu’individus, mais aussi une source profonde de modification de la place des femmes dans notre société. Il faut aller plus loin sur un plan législatif, et surtout faire évoluer certains comportements ou visions de notre société. Même si le droit de la femme tunisienne a fait une avancée considérable, il reste à le faire comprendre, accepter et appliquer.

Les mentalités, la coutume et l’influence néfaste de notre éducation font que le droit de la femme est à deux vitesses dans notre société.

C’est pourquoi, la lutte pour la parité apparaît, malheureusement, souvent comme une question propre aux pays développés.

Notre société doit comprendre que la femme est le moteur principal d’une société et non une main d’œuvre gratuite qu’on utilise pour satisfaire les besoins de toute une famille.

C’est l’éducation qui apporte aux femmes et aux jeunes filles savoir, compétences, confiance en elles et capacités, améliorant ainsi leurs perspectives d’avenir.

L’éducation permet à une femme de prendre sa vie en main et de participer aux prises de décision, lui donnant la capacité de contribuer socialement et économiquement au bien-être de sa famille, sa communauté et son pays.

Ensemble, nous pouvons inverser la donne et révéler les énormes bénéfices potentiels pour tous en accélérant l’émancipation des femmes et des jeunes filles à travers l’éducation.

Malgré ce dénigrement incessant de la femme et ces discours haineux et inégalitaires, je tiens à dire que sont nombreuses les femmes qui tirent leur épingle du jeu et qu’il ne faut jamais sous-estimer une femme!

* Retraitée, ancienne cadre de la Mutuelle Générale à Paris.

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