La Tunisie est choquée par le nombre des médecins admis à l’épreuve française de vérification des connaissances et qui, pour la plupart, opèrent déjà en France ou s’apprêtent à émigrer vers ce pays. Mais personne ne revient sur les raisons qui poussent ces derniers à le faire. Or, c’est à notre avis la vraie question à se poser.
Par Kaissar Sassi *
Je partage avec vous une étude que nous avons mené, au sein de l’Association des médecins tunisiens dans le monde (voir graphiques ci-dessous)auprès d’un échantillon représentatif, 393 médecins installés à l’étranger, pour répondre à deux questions : Pourquoi ont-il quitté la Tunisie ? Quelles solutions proposent-ils pour sauver le secteur de la santé ?
Je vous laisse juger les réponses par vous même : 50% des médecins ont quitté la Tunisie à cause d’un harcèlement professionnel; 62% sont partis à cause de l’insécurité dans les hôpitaux; 75% jugent les conditions de travail inadaptées avec les règles de la bonne pratique; 50% ont quitté le pays à cause de l’instabilité sociopolitique; 30% des médecins qui ont immigré pensent qu’il n’y plus de solution pour sauver le secteur de la santé dans leur pays natal.
Combien de médecins quittent le pays annuellement n’est pas la bonne question, même si on sait qu’ils sont relativement nombreux et que leur départ va avoir pour conséquence de fragiliser encore davantage le secteur de la santé en Tunisie. La bonne question à poser est plutôt pourquoi sont-ils poussés à le faire. Car de la réponse dépend les solutions à mettre en œuvre pour remédier à ce problème, car les médecins qui émigrent ne le font pas de gaieté de cœur et la plupart auraient préféré rester au pays, où, il n’y a pas longtemps, il faisait bon vivre.
* Anesthésiste-réanimateur.
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