Dans une vidéo live postée hier soir, vendredi 2 juillet 2021, Me Ridha Raddaoui, membre du comité de défense des martyrs Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, a révélé que Rached Ghannouchi continue de faire pression sur les représentants des instances judiciaires pour orienter le traitement de l’affaire du juge Bechir Akremi et éviter à ce dernier des sanctions administratives et des poursuites judiciaires, qui mettraient en lumière l’implication du mouvement Ennahdha dans les violences politiques et le terrorisme en Tunisie depuis 2012.
Par Imed Bahri
Selon Me Raddaoui, le président de l’Assemblée et leader d’Ennahdha a rencontré mercredi dernier un juge connu pour ses activités syndicales et associatives, dont il n’a pas précisé le nom, et l’a informé que la réunion, qui était prévue le lendemain, jeudi, pour examiner les dossiers des magistrats soupçonnés de corruption, notamment Bechir Akremi, réputé pour sa proximité avec Ennahdha, allait être reportée. Et c’est ce qui s’est réellement passé, puisque la réunion a bel et bien été reportée, visiblement pour permettre l’aboutissement des manœuvres en cours, menées en coulisses par les dirigeants d’Ennahdha, et à leur tête, Rached Ghannouchi, et leurs hommes liges au sein du corps de la magistrature, pour noyer les gros poissons de la corruption au sein du système judiciaire.
Toujours selon Me Raddaoui, Rached Ghannouchi a informé son hôte d’un accord entre les différentes instances concernées pour clore les dossiers de corruption dans le système judiciaire, notamment ceux relatifs aux juges Taïeb Rached, président de la Cour de cassation de Tunis et du CSM, et Bechir Akremi, ancien procureur général de la république.
Taïeb Rached est convaincu de la nécessité de s’éclipser et de renoncer à la présidence du CSM. En contrepartie, et selon le même accord en cours de discussion, Bechir Akremi évitera d’éventuelles sanctions administratives et poursuites judiciaires pour les abus dont il se serait rendu coupable dans la gestion des affaires d’assassinat de Belaid et Brahmi, commis par des islamistes radicaux proches d’Ennahdha.
C’est là, en substance, ce que Ghannouchi à expliqué à son hôte, a indiqué Me Raddaoui dans la vidéo live, ajoutant que les membres du Conseil de la justice judiciaire, qui ont ébruité le contenu des enquêtes sur les dépassements de la justice, font l’objet de harcèlements et de menaces, et ce depuis le 10 août 2020, date de la divulgation du rapport sur les abus des deux juges en question.
En conclusion, Me Raddaoui a demandé aux organisations et organes concernés par la bonne marche de la justice d’entrer en contact avec les membres du Conseil de la justice judiciaire et de vérifier directement ces affirmations auprès d’eux.
Si les faits rapportés par Me Raddaoui sont exacts, ils confirment les inquiétudes de Ghannouchi et des autres dirigeants d’Ennahdha quant à d’éventuelles poursuites judiciaires ou sanctions administratives contre le juge Bechir Akremi, qui mettraient en lumière leur implication, directe ou indirecte, dans les opérations de violence politique et de terrorisme depuis 2012 en Tunisie. Ce que, justement, les membres du Comité de défense de Belaid et Brahmi ne cessent de souligner depuis plusieurs années, en affirmant que des juges proches du parti islamiste veillent au grain pour orienter les affaires, manipuler les dossiers, faire disparaître des preuves importantes et empêcher ainsi la révélation de la vérité.
Affaire à suivre d’autant que les membres du Comité de défense de Chokri Belaid et Mohamed Brahmi promettent de révéler dans les prochains jours le contenu des enquêtes internes sur la corruption des magistrats. C' »est là, on l’a compris, une manière de couper la route devant les gros pontes de la magistrature qui cherchent aujourd’hui à noyer le poisson et à enterrer les affaires révélées malgré leur gravité, car elles portent atteinte à la sécurité intérieure de la Tunisie, notamment en ce qui concerne la manipulation des données dans les affaires terroristes.
I. B.
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