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En pleine crise sanitaire, la Tunisie suffoque par manque d’oxygène

Une bonbonne d’oxygène partagée entre deux malades assis sur des chaises dans les couloirs de l’hôpital.

La Tunisie est, actuellement, en manque d’oxygène. Et le gouvernement ne prend pas les mesures nécessaires pour anticiper les besoins en oxygène du système de santé et importer à temps les quantités nécessaires pour éviter la pénurie. Est-ce par paresse, par incompétence ou par peur de prendre des décisions, qui paralyse l’administration publique ?

Par Amine Ben Gamra *

Les besoins quotidiens de la Tunisie en oxygène sont estimés à 170.000 litres alors que la production locale n’arrive pas à satisfaire la demande, accrue par les besoins des soins prodigués aux malades atteints par la Covid-19. Les deux producteurs d’oxygène installés dans notre pays, Air Liquide et Linde Gas, produisent environ 100 000 litres par jour. Trouver les 70 000 litres manquants représente un casse-tête quotidien. 

D’inexplicables difficultés d’approvisionnement

Conséquence pour le moins prévisible, d’autant plus que les statistiques de contaminations par le Covid-19 montraient une forte hausse depuis plusieurs semaines: la situation dans les hôpitaux publics et les cliniques privées est sous-tension et les besoins quotidiens en oxygène pourraient bientôt atteindre 200 000 litres. Signe des difficultés d’approvisionnement: des dizaines de patients des hôpitaux de Sfax, Zaghouan et d’autres villes… où les réserves d’oxygène baissent dangereusement, ont été transférés en urgence vers d’autres centres hospitaliers. 

Pour ne rien arranger, la Tunisie continue à enregistrer des pics de contaminations et de décès quotidiens. Les services de réanimation sont saturés et les lits d’oxygénothérapie sont surexploités, selon le ministère de la Santé.

Paradoxalement et alors même que l’État a besoin plus que jamais d’une union nationale, les querelles politiques sans fin divisent la nation et créent une tension profonde entre les partis, entrés prématurément en campagne électorale, alors que les prochaines élections sont prévues en… 2024.

Au lieu d’agir très vite pour s’approvisionner à temps en oxygène auprès de l’Algérie voisine et fournir suffisamment à l’avance le système de santé dans le pays, le gouvernement improvise et pare au plus urgent, semblant même dépassé par l’ampleur de la tâche.

C’est ainsi que des camions se rendent à la frontière, attendant parfois des heures, pour remplir leurs citernes depuis des camions algériens qui ne peuvent entrer en Tunisie en raison des restrictions douanières ! Cela prêterait à rire si la situation dans les hôpitaux n’était pas tragique.

Mais que fait le chef du gouvernement ?

Tout cela pour dire qu’il faut changer de méthode et se donner les moyens d’agir vite pour débloquer la situation et éviter au corps médical et paramédical le stress causé quotidiennement par la crainte de la pénurie d’oxygène. Or, paradoxalement, aucune mesure d’urgence n’a été prise par le gouvernement pour faciliter l’importation d’oxygène et sauver ainsi des vies. C’est à se demander ce que fait le chef du gouvernement Hichem Mechichi qui, aux dernières nouvelles, est allé passer un week-end de farniente, avec plusieurs autres membres de son gouvernement, dans un palace de Hammamet.

En attendant, la Tunisie suffoque au propre et au figuré…

* Expert comptable, commissaire aux comptes, membre de l’Ordre des experts comptable de Tunisie.

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