Amnesty International a appelé à la levée des interdictions de voyage décidées, depuis le 25 juillet dernier, notamment contre des fonctionnaires, des politiciens et des hommes d’affaires, estimant qu’elles sont abusives ayant été émises sans décision de justice et contre des personnes qui ne font pas l’objet de poursuites judiciaires.
Dans un communiqué publié ce jeudi 26 août 2021, Amnesty International affirme avoir relevé une cinquantaine d’interdictions de voyage de cet ordre, et dont les concernés ont été oralement informés de la procédure par les agents de la police des frontières de l’aéroport, citant notamment 23 hauts fonctionnaires et 21 membres de leurs famille, qui devaient se rendre le 19 août, en Turquie pour des vacances en groupe, et qui ont été empêchés de voyager.
«Un membre du groupe, qui a demandé à garder l’anonymat, a déclaré à Amnesty International que la police des frontières avait laissé 30 d’entre eux, dont des enfants, attendre cinq heures dans une salle d’attente de l’aéroport de Tunis, sans eau ni nourriture, sans leur fournir de décision écrite et sans expliquer l’interdiction de voyager. Les agents des frontières ont forcé 14 autres membres du groupe, qui étaient déjà entrés dans l’avion, à débarquer», précise l’organisation dans son communiqué en estimant que le gel des activités du Parlement par le président ne peut justifier la violation des droits et libertés.
La même source a également cité l’exemple de Zied Ajra, architecte et chef d’entreprise, qui a également été empêché de se rendre en Turquie pour des vacances le 10 août : «Il a déclaré à Amnesty International qu’il avait été contraint d’attendre 45 minutes pendant que des policiers passaient des appels téléphoniques avant d’être informé verbalement qu’il était interdit de voyager en raison d’instructions», lit-on encore dans le communiqué, qui cité également l’homme d’affaires et activiste politique Skander Rekik, qui a été empêché de se rendre en Turquie le 9 août et qui affirme avoir été interrogé par la police de l’aéroport sur son travail et ses activités politiques, ou encore l’exemple d’une juge du tribunal de première instance de Gromblia, Imane Laabidi, qui a également été empêchée, le 6 août, de se rendre, elle aussi en Turquie pour des vacances, ainsi que le député Attayar Anouar Benchahed, qui a été empêché de se rendre en France.
Ainsi Amnesty a appelé le président Saïed et les autorités compétentes à ne plus avoir recours à la procédure de l’interdiction de voyage et au respect de la liberté de circulation, garantie par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la charte africaine des droits de l’homme en rappelant que «toute restriction à ce droit doit être nécessaire, proportionnée et soumise à un véritable contrôle judiciaire».
Y. N.
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