Interrogé à deux reprises sur son «amitié» avec Nabil Karoui, le magnat de la publicité et de la télévision en fuite en Algérie où il est poursuivi pour franchissement illégal des frontières, Fadhel Abdelkefi, ci-devant président de Afek Tounes, un «particule» absent des radars des sondages, a fait la même réponse sibylline: «Khayba kabira» (traduire : grande déception), croyant pouvoir s’en sortir facilement avec cette pirouette.
Par Imed Bahri
Cette réponse a été donnée à deux reprises dans l’émission «Rendez-vous 9» sur Attessia TV, vendredi dernier, 1er octobre 2021, et dans «Midi Show» sur Mosaïque FM, hier, lundi 4 octobre, en réponse à une question qu’il ne pouvait éviter ni esquiver, car il avait ostentatoirement affiché, en pleine campagne pour le second tour de la présidentielle de 2019 où Nabil Karoui était en lice contre Kaïs Saïed, son amitié pour cet homme louche poursuivi en Tunisie pour évasion fiscale, corruption financière et blanchiment d’argent (excusez du peu!). «Nabil Karoui est mon ami, je l’aime et je voterai pour lui», avait-il alors déclaré. Personne ne lui avait alors mis un revolver sur la tempe.
Donc, M. Abdelkefi est simplement «déçu» par cet homme dont il avait probablement une plus haute idée et qui s’est révélé, par la suite, plutôt infréquentable. Cela veut dire aussi qu’il ne regrette pas son «amitié» avec le patron de Nessma TV, une chaîne diffusant illégalement ses programmes et qui était utilisée pour descendre en pièces les adversaires politiques de son propriétaire à coups de désinformations et de diffamations plus grossières les unes que les autres. Ces manquements aux règles élémentaires de la morale et de la déontologie ne gênaient nullement l’homme d’affaires tunisois qui s’est découvert, sur le tard, des ambitions politiques dévorantes et qui n’est pas loin de croire qu’il a un destin national.
Soyons sérieux et cessons de mentir aux Tunisiens !
Fadhel Abdelkefi, dont la «sincérité» a tout de même des limites, ne pouvait pas aller non plus jusqu’à dire qu’il s’était trompé sur le compte de son «ami» ou qu’il n’était pas au courant de ses déboires judiciaires. Ç’aurait été, en effet, une trop grosse couleuvre qu’il aurait eu du mal à faire avaler, même aux plus ignorants des téléspectateurs et des auditeurs.
Quand M. Abdelkefi a ostentatoirement affiché son «amitié» avec Nabil Karoui, c’est-à-dire en 2019, ce dernier était déjà poursuivi en justice et il avait même fait de la prison, peu de temps auparavant. Ses affaires d’évasion fiscale et de corruption financière étaient connues du grand public depuis… 2015. Nous en avions parlé sur ce même journal depuis cette date avec moult détails.
M. Abdelkefi qui était, en 2017, ministre des Finances par intérim, ne pouvait pas non plus ignorer l’ampleur des montants que les cinq entreprises de Nabil et Ghazi Karoui opérant en Tunisie avaient dérobé aux services du fisc tunisien. Nous avions même révélé ces montants dans notre journal en langue arabe «Anbaa Tounes», au cours de l’année 2018, montants que nous avions pu recueillir auprès des services dont M. Abdelkefi avait eu la charge peu de temps auparavant. Soyons sérieux et cessons de mentir aux Tunisiens !
Il vaut mieux en sourire…
Aussi, lorsque M. Abdelkefi affirme, la main sur le cœur et avec un trémolo dans la voix, qu’il possède des solutions pour tous les problèmes économiques de la Tunisie et que ces problèmes pourraient être solutionnés par simple «jarrat qalam» (trait de crayon), nous esquissons, pour notre part, un petit sourire, car cet homme qu’on a rarement entendu déplorer la corruption endémique qui gangrène l’économie tunisienne empêchant son envolée fait sans doute partie des lobbys qui ont phagocyté cette économie et il ne saurait être, à la fois, l’origine du mal et le remède miracle.
Les affaires et la politique n’ont jamais fait bon ménage et M. Abdelkefi, qui est un homme intelligent et bien informé, le sait très bien. Aussi ferait-il mieux de revenir à ses affaires et d’arrêter de se payer la tête des Tunisiens, qui ne sont pas dupes de ses postures de… comédien !
«Jarrat qalam», dit-il…
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