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Najla Bouden, victime des réactionnaires francophobes

La prestation de Najla Bouden lors de son premier voyage à l’étranger en Arabie saoudite n’a pas été du goût de certains arabistes francophobes.

Les Tunisiens préfèrent-ils un baratineur arabophone médiocre et entretenant un discours identitaire francophobe à un francophone efficace et compétent comme l’estime l’auteur? Les attaques et le dénigrement dont fait l’objet la cheffe du gouvernement Najla Bouden, francophone et pas très à l’aise en arabe classique, le prouvent. Pourquoi beaucoup de Tunisiens érigent-ils cette imaginaire identité arabo-musulmane en dogme?

Par Mohamed Sadok Lejri *

Comme le chef du gouvernement est francophone et n’est pas très à l’aise en arabe classique, les dénigrements et les insultes commencent à fuser de toutes parts. Décidément, tant que cette imaginaire identité arabo-musulmane sera érigée en dogme, les Tunisiens francophones seront toujours considérés comme des citoyens de seconde zone et écartés de la participation à la vie publique, chasse-gardée des identitaires arabophones.

Les «verbiageurs» arabophones médiocres ont la cote

Les Tunisiens préféreront toujours un verbiageur arabophone, aussi médiocre et spoliateur soit-il, avec zéro réalisation au compteur, à un francophone honnête et méritant. L’essentiel est que le dirigeant n’entre pas en dissonance avec leur identité d’arabo-musulmans.

J’ai toujours conseillé mes amis francophones de s’éloigner de la vie publique. Ils pourront toujours se saigner aux quatre veines, faire de la Tunisie la Suisse de l’Afrique du Nord et offrir leurs enfants en sacrifice, ils seront toujours dénigrés et considérés comme la cinquième colonne de l’ancienne puissance coloniale.

C’est dans ce contexte multidécennal d’arabisation tous azimuts que la maîtrise de la langue arabe est devenue, pour des raisons idéologiques et identitaires, plus importante que tout autre type de compétence.

Quelques mois plus tôt, l’ancien ministre de l’Agriculture, Akissa Bahri, une ancienne du lycée Carnot, une méritante ingénieure agronome spécialisée dans l’hydraulique, une spécialité dont la Tunisie, qui souffre d’un stress hydrique croissant, a vivement besoin, a été clouée au pilori après avoir révélé son manque de maîtrise de la langue arabe.

Mme Bouden gagnerait à s’exprimer en arabe tunisien

Maintenant, c’est au tour de la cheffe du gouvernement Najla Bouden d’être traînée dans la boue marécageuse et puante des bédouins. Dans ce pays qui s’est trop «machrékisé», ce sont des gens comme Safi Saïd qui peuvent trouver chaussure à leur pied, et non les semblables de Najla Bouden et Akissa Bahri. Des heures difficiles attendent le cheffe du gouvernement et elles ne tiennent pas seulement à la grave crise économique et sociale.

P.-S. : A mon avis, si Najla Bouden ne s’est toujours pas exprimée dans les médias tunisiens, c’est parce qu’elle n’est pas très éloquente en arabe. Elle gagnerait à s’exprimer en arabe dialectal tunisien pour que son discours soit intelligible pour tout le monde et pour ne pas se ridiculiser.

* Universitaire.

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