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La Steg au bord de la rupture à cause des impayés des clients privés et publics

Siège sociale de la société à Tunis.

Les impayés que la Société tunisienne d’électricité et de gaz (Steg) doit recouvrer auprès de ses clients, privés et publics, se sont élevés, à la fin octobre 2021, à 2 470 millions de dinars tunisiens (MDT), un montant exorbitant qui représente près du tiers du chiffre d’affaires annuel de la société s’élevant à environ 6 milliards de dinars. A l’instar de la plupart des entreprises publiques, la société est arrivé à un seuil critique et c’est sa pérennité même qui est désormais menacée.

Par Imed Bahri

Au 31 octobre 2021, les impayés cumulés des clients de la Steg se répartissent entre 1 100 MDT auprès des clients particuliers et petits métiers (soit 40 à 45% du montant global), 90 MDT auprès des clients industriels (unités touristiques, associations de l’eau et usines), 206 MDT auprès des collectivités locales (municipalités). Les impayés des entreprises publiques s’élèvent, quant à eux, à 539 MDT, tandis que ceux des ministères et autres établissements publics, y compris les administrations régionales, atteignent 370 MDT. A cela s’ajoutent les pertes essuyées par la société en raison des connexions frauduleuses à son réseau.

En d’autres termes, les impayés cumulés auprès des établissements et des entreprises publics, qui sont les plus difficiles à recouvrer, eu égard les difficultés financières actuelles de l’Etat, dépassent 1 115 MDT, soit près de la moitié du montant global des impayés que la société doit recouvrer pour retrouver son équilibre financier.

L’impuissance publique

Pour ne rien arranger, depuis la révolution de 2011, les opérations de recouvrement sont devenues d’autant plus difficiles que certains clients qui ne payent pas leur dû à la société refusent les coupures d’électricité effectuées en cas de non-paiement. Certains d’entre eux vont même jusqu’à agresser les agents dépêchés pour effectuer ces coupures.

Conséquence : les impayés de la société ont augmenté, entre septembre et octobre dernier, de 30 MDT, alors que l’augmentation mensuelle moyenne depuis le début de l’année varie de 20 à 50 MDT.

Il y a quelques années, la direction générale de la Steg a suggéré au gouvernement plusieurs solutions pour aider au recouvrement de ses impayés auprès des clients, qui pesaient de plus en plus lourdement sur la situation financière de l’entreprise. Elle a ainsi proposé la déduction des dettes des ministères et des institutions publiques lors de la préparation du budget général de l’Etat et le transfert des montants ainsi collectés directement à la trésorerie de la société, mais cette proposition n’a pu être mise en œuvre.

Parmi les autres solutions proposées, on citera l’application rigoureuse de la coupure d’électricité à tous ceux qui ne payent pas leurs factures d’électricité et de gaz, mais les autorités ont opposé un veto à cette démarche, et ce pour des considérations économiques et sociales, redoutant des réactions violentes de la part des citoyens les plus démunis.

Un équilibre financier difficile à retrouver

Certaines sociétés de recouvrement des créances se sont proposées pour racheter une partie des impayés en souffrance de la Steg, mais le puissant syndicat de la société affilié à l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a rejeté cette option. Et ce, en plus du fait que les statuts de la Steg ne prévoient pas cette forme de recouvrement des dettes cumulées chez ses clients.

Par ailleurs, le coût de production étant plus élevé que le prix de vente du kilowatt/heure au client final, la Steg est condamnée à subir des déficits que l’Etat est censé résorber par une subvention annuelle directe qui, on l’imagine, n’arrive pas toujours pas ou enregistre des retards qui n’aident pas la société à avoir une visibilité permettant un développement planifié de ses activités.

Les déficits cumulés par la Steg en raison de toutes ces difficultés sont devenus d’autant plus pénalisant que pour espérer bénéficier de prêts de la part d’éventuels bailleurs de fonds, assurer la maintenance de ses réseaux et développer ses moyens de production et de transport d’électricité et de gaz, la société doit impérativement rétablir ses équilibres financiers. Dire qu’elle est au bord de la rupture, comme indiqué en titre, est donc loin d’être exagéré.

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