Dans un entretien accordé à Radio Vatican-Vatican News, Mgr Ilario Antoniazzi, l’archevêque de Tunis, fait le point sur la situation sociale en Tunisie au lendemain de la décision du président Kaïs Saïed de prolonger la suspension du parlement jusqu’au prochaines législatives anticipées en 2022. Le tableau, on l’imagine, n’est pas reluisant…
«Les jeunes, pour la plupart, rêvent de partir, c’est très triste. Ils ne voient pas d’avenir professionnel, ils ne rêvent que de quitter la Tunisie, mais c’est mortel pour un pays. Les professionnels partent, ou du moins ils veulent partir. L’économie ne va pas bien, en fait, elle empire. Mais si vous me demandez ce qui se passe, je peux vous dire que la situation est calme, la plus grande crainte est pour vendredi prochain», a déclaré l’ecclésiaste, ajoutant : «Ce qui s’est passé accroît l’incertitude pour l’avenir.»
Chrétiens et musulmans travaillent ensemble
Interrogé sur le rôle de l’église dans un pays comme la Tunisie qui traverse une période difficile, l’archevêque de Tunis a déclaré : «Nous ne sommes pas nombreux à être chrétiens ici en Tunisie, mais nous faisons ce que nous pouvons très volontiers, notamment grâce à Caritas. Nous le faisons dans les écoles, qui sont un lieu de rencontre pour les familles et les jeunes. De nombreux jeunes Tunisiens nous aident dans ce domaine et il est agréable de voir comment chrétiens et musulmans travaillent ensemble pour le bien de ce pays. Nous pouvons dialoguer, travailler avec les musulmans, ils viennent à notre aide et nous allons les voir si nous avons besoin d’aide. Il suffit de demander de l’aide, les musulmans et les chrétiens répondent immédiatement.»
Pour illustrer cette ambiance de fraternité entre musulmans et chrétiens en Tunisie, l’ecclésiaste cite la participation, le 23 décembre courant, d’un l’orchestre tunisien qui viendra à la cathédrale de Tunis pour chanter des chants de Noël. «Entendre un orchestre musulman chanter »Un Sauveur nous est né, venez l’adorer » me donne des frissons d’émotion, d’émoi. Ce sont des choses qui se passent ici, en Tunisie, et c’est beau», conclut Mgr Ilario Antoniazzi.
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