Quelques jours après la consécration de notre ami Hatem Bourial, la Tunisie francophone et éclairée s’est de nouveau distinguée. En effet, j’ai appris, avant-hier soir, que Maya Ksouri sera très prochainement décorée de l’insigne de l’Ordre des Arts et des Lettres au grade de Chevalier; une consécration amplement méritée pour la voix la plus courageuse et la plus dérangeante du sinistre paysage audiovisuel tunisien.
Par Mohamed Sadok Lejri *
Par-delà son amour sans limite pour la langue et la culture françaises, Maya Ksouri est d’un courage sans pareil. Elle incarne sous nos cieux l’esprit contestataire français, elle est la digne héritière de la culture de Mai 68.
Combattante contre l’intolérance et le fanatisme
Elle se retrouve souvent seule, du moins dans la sphère politico-médiatique, à défier cette partie de la société ignorante, obsédée par sa bigoterie superstitieuse, qui se pique de moraline et cultive l’amour des chaînes au nom de l’islam, de la morale et des bonnes mœurs. C’est pourquoi ils s’en prennent à elle de manière aussi violente et hargneuse.
Maya Ksouri lutte avec bravoure contre l’intolérance, le fanatisme, la bondieuserie et la censure morale et religieuse, c’est-à-dire contre cette Tunisie qui n’arrive toujours pas à se débarrasser des croyances et des dogmes hérités de plusieurs siècles de décadence. C’est pourquoi elle fait souvent l’objet de campagnes infâmes et essuie régulièrement une avalanche d’injures de la part de gens qui ne lui arrivent pas à la cheville. Mais, à chaque fois, Maya montre qu’elle a suffisamment de ressources pour rester de marbre devant les menaces proférées à son endroit, devant les sarcasmes et les flots de haine déversés sur elle.
Une bourrasque qui fait tomber les feuilles mortes
Maya Ksouri a été, au cours de ces dix dernières années, une bourrasque qui a fait tomber les feuilles mortes, un électrochoc désinhibiteur grâce à quoi bien des tabous, sociaux, religieux et autres, se sont ébranlés en Tunisie. J’adresse mes plus chaleureuses félicitations à Maya Ksouri. Je suis très content pour toi ! Bravo Maya ! Le quartier dans lequel tu as grandi est fier de toi.
* Universitaire.
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