En Tunisie, après avoir été pendant longtemps ignoré, le secteur de la figue de barbarie, connaît aujourd’hui une véritable dynamique qui lui a permis de cibler des marchés de niche avec des produits cosmétiques, diététiques et agroalimentaires innovants et de haute qualité.
Le secteur de la transformation du cactus dont le nombre d’opérateurs est passé de 5 en 2013 à une cinquantaine en 2021 offre en effet d’énormes possibilités de valorisation. Le produit phare de la filière est incontestablement l’huile de pépins de figue de barbarie qui est considérée aujourd’hui comme le fer de lance de la nouvelle cosmétique tunisienne.
Mais l’intérêt stratégique que les institutions tunisiennes accordent à cette filière ne se limite plus seulement au domaine de la transformation industrielle et aux exportations cosmétiques. Aujourd’hui, les gigantesques étendues de cactus avec lesquelles compte la Tunisie sont reconnues comme une véritable source de richesse par les autorités et la valorisation agronomique du figuier de barbarie est devenue une priorité déclarée.
Formations sur la chaîne de valeur de la figue de barbarie
Pour cette raison, l’Agence de vulgarisation et de la formation agricole (AVFA) a initié les démarches pour inclure les formations sur la filière figue de barbarie dans son portfolio de services qui ciblent les producteurs et jeunes porteurs de projets d’investissements.
L’ AVFA est une agence publique qui à travers ses 39 centres de formation professionnelle agricoles (CFPA) offre des cours dans presque tous les domaines de l’agriculture, de la pêche et de l’aquaculture. La filière du cactus ne figurait pas encore sur la liste, mais cela vient de changer.
Douze formateurs de l’AVFA représentant les CFPA de Kasserine, Sidi Bouzid, Monastir, Nabeul, Kairouan et Ariana viennent de recevoir leurs diplômes de participation à la formation de formateurs sur les bonnes pratiques de production et le fonctionnement de la chaîne de valeur de la figue de barbarie.
Cette formation de formateurs, qui a commencé fin 2020 et a été clôturée fin décembre 2021, a été organisée par le Pampat 2; un projet financé par le secrétariat d’Etat à l’Economie (Seco) de la Suisse et mis en œuvre par l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (Pnud) en étroite collaboration avec le ministère de l’Agriculture (DGPA) et le Gifruits.
La culture du figuier de barbarie : un trésor méconnu
Pour les participants à la formation, cette expérience a été riche en enseignement et en découvertes: «J’ai constaté que je ne connaissais pas la culture du figuier de barbarie… C’est un véritable trésor méconnu» a affirmé M. Abdelmalek Selmi, vulgarisateur de l’AVFA à Kasserine. Même Dr. Karim Ounallah, professeur de l’Inat, qui enseigne depuis des années les sujets relatifs au cactus et qui a formé les formateurs de l’AVFA, ne cesse d’être étonné par les potentialités de cette filière : «Les terres du cactus ont toujours été considérées comme synonymes de pauvreté. C’est extraordinaire comme en quelques années cette filière oubliée a pu se positionner en Tunisie et sur les marchés d’exportation.»
De son côté, Kais Rommani, formateur du CFPA de Barrouta à Kairouan, a déclaré : «Après cette formation, j’ai compris que la mise en place d’une formation continue pour la filière figue de barbarie est une priorité et doit être considérée comme une activité stratégique».
39 000 petits producteurs de figues de barbarie
En effet, la Tunisie avec ses 600 000 hectares de figuiers de barbarie est classée 5e au monde en terme de surface cultivée et figure parmi les trois premiers pays en terme de production de figues de barbarie issues des plantations commerciales.
En ce qui concerne la production certifiée biologique de figues de barbarie, la Tunisie est même placée première au monde selon l’Agence Bio française. Il est estimé que la filière compte environ 39 000 petits producteurs concentrés surtout à Kasserine, Kairouan, Sidi Bouzid et Siliana.
En vue d’améliorer les services d’assistance au profit de cette filière, le 23 décembre 2021 après la clôture de la formation de formateurs, un comité technique restreint composé de représentants de l’AVFA, du ministère de l’Agriculture (DGPA), de l’Institut national agronomique de Tunis (Inat), de l’Institut national pédagogique et de formation continue agricole (INPFCA) de Sidi Thabet et du Pampat s’est réuni à Sousse et a développé une proposition de cursus pour un programme de formation continue sur les techniques de production et de valorisation du figuier de barbarie.
Une fois validé officiellement, ce programme de formation continue sera adopté et enseigné dans les centres de formation professionnels agricoles (CFPA) de l’AVFA aux profit des différents producteurs et jeunes porteurs de projets d’investissements dans le secteur du cactus.
Pour le directeur général de l’AVFA, Khemais Zayani, la mise en place d’une formation continue autour du cactus est primordiale : «Le figuier de barbarie est une plante peu exigeante, mais elle joue un rôle économique, sociale et environnemental absolument fondamental. C’est pour cette raison que l’AFVA s’engage à contribuer au développement et à la durabilité de cette filière à travers la formation des producteurs.»
La filière du cactus continue à avoir le vent en poupe et franchira bientôt un nouveau palier avec l’institutionnalisation d’un programme de formation spécifiquement développée pour ce secteur émergent qui semble loin d’avoir livré tous ses secrets.
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